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Sciences
Corporation
33 WEST MAIN STREET
Wëfc»TGR,N.Y. 14580
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Microfiche
Collection de
Séries.
microfiches.
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Canadian Instituts for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques
Technical and Bibliographie Notes/Notes techniques et bibliographiques
The
tott
The Institute has attempted to obtain the best
original copy available for filming. Features of this
copy which may be bibliographically unique,
which may alter any of the images in the
reproduction, or which may significantly change
the usual method of filming, are checked below.
D
Coloured covers/
Couverture de couleur
□ Covers damaged/
Couverture endommagée
□ Covers restored and/or laminated/
Couverture restaurée et/ou pelliculée
L'Institut a microfilmé le meilleur exemplaire
qu'il lui a été possible de se procurer. Les détails
de cet exemplaire qui sont peut-être uniques du
point de vue bibliographique, qui peuvent modifier
une image reproduite, ou qui peuvent exiger une
modification dans la méthode normrle de filmage
sont indiqués ci-dessous.
□ Coloured pages/
Pages de couleur
□ Pages damaged/
Pages endommagées
□ Pages restored and/or laminated/
Pages restaurées et/ou pelliculées
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Cover title missing/
Le titre de couverture manque
□ Coloured maps/
Cartes géographiques en couleur
□ Coloured ink (i.e. other than blue or black)/
Encre de couleur (i.e. autre que bleue ou noire)
Coloured plates and/or illustrations/
Planches et/ou illustrations en couleur
Bound with other matériel/
Relié avec d'autres documents
Tight binding may cause shadows or distortion
along interior margin/
La re liure serrée peut causer de l'ombre ou ^'3 la
distortion le long de la marge intérieure
Blank leaves added during restoration may
appear within the text. Whenever possible, thèse
hâve been omitted from filming/
Il se peut que certaines pages blanches ajoutées
lors d'une restauration apparaissent dans le texte,
mais, lorsque cela était possible, ces pages n'ont
pas été filmées.
Additional comments:/
Commentaires supplémentaires:
Various paging.
v/
D
Pages discoloured, stained or foxed/
Pages décolorées, tachetées ou piquées
□ Pages detached/
Pages détachées
0Showthrough/
Transparence
□ Quality of print varies/
Qualité inégale de l'impression
I I Includes supplementary matériel/
Comprend du matériel supplémentaire
Only édition available/
Seule édition disponible
The
shal
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Pages wholly or partially obscured by errata
slips, tissues, etc., hâve been refilmed to
ensure the best possible image/
Les pages totalement ou partiellement
obscurcies par un feuillet d'errata, une pelure,
etc., ont été filmées à nouveau de façon à
obtenir la meilleure image possible.
This item is filmed at tho réduction ratio checked below/
Ce document est filmé au taux de réduction indiqué ci-dessous
10X 14X 18X 22X
26X
30X
y
12X
16X
20X
24X
28X
32X
Th« copy filmad her« has bean raproducad thanks
to tha ganaroaity of :
University of British Columbia Library
L'axamplaira filmé fut raproduit grflca à la
générosité da:
University of British Columbia Library
Tha Imagas appaaring hara ara tha bast quailty
possibla considaring tha condition and laglbllity
of tha original copy and In Icaaping with tha
filming contract spacif icatlons.
Las imagas suivantas ont été raprodultes avac le
plus grand soin, compta tanu da la condition at
da la nattaté da l'axamplaira filmé, at en
conformité avec les conditions du contrat de
fllmaga.
Original copias In printad papar covers ara filmad
beginning with the front cover and ending on
the last page with a printad or illustratad impres-
sion, or the bacit cover when appropriate. AH
other original copias ara filmad baginnirg on the
first page with a prinvad or illustratad impres-
sion, and ending on '.he last page with a printad
or illustratad imprersion.
Les exemplaires originaux dont la couverture en
papier est imprimée sont filmés en commençant
par le premier plat et en terminant soit par la
dernière page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration, soit par le second
plat, selon le cas. Tous las autres exemplaires
originaux sont filmés en commençant par la
première page qui comporte une empreinte
d'impression ou d'illustration et en terminant par
la dernière page qui comporte une telle
empreinte.
The last racorded frama on each microfiche
shall contain the symbol — ^> (meaning "CON-
TINUED"), or the symbol y (meaning "END"),
whichever applies.
Un des symboles suivants apparaîtra sur la
dernière image de chaque microfiche, selon le
cas: le symbole — ► signifie "A SUIVRE ', le
symbole y signifie "FIN".
Maps, plates, charte, etc., may be filmed at
différent réduction ratios. Those too large to be
entirely included in one exposure ara filmed
beginning in the upper left hand corner, left to
right and top to bottom, as many framas as
raquired. The followlng diagrams iiiustrate the
method:
Les cartes, planches, tableaux, etc., peuvent être
filmés i des taux de réduction différents.
Lorsque le document est trop grand pour être
reproduit en un seul cliché, il est filmé à partir
de l'angle supérieur gauche, de gauche à droite,
et de haut en bas, an prenant le nombre
d'imrges nécessaire. Les diagrammes suivants
illustrent la méthode.
1
2
3
32X
1
2
3
4
5
6
a ? ' ^
AVANT PROPOS.
Le deuxième jour d*avril dernier^ entre 8 e^ 9 heures du maiitty
Anselme Charron, cultivateur et commerçant de la paroisse de St.
Charles, 'partit pour se rendre à St. Hyacinthe Oii Vappelaient queU
ques affaires. Il devait revenir chez lui le même jour. Au bout
dhme semaine, cependant, non seulement il n'était pas de retour ^
mais on ignorait complètement ce qu'il était devenu. Vital Charron^
frère d'Anselme, inquiet sur le sort de ce dernier et ne pouvant s'eX'
pliquer une aussi longue absence, partit, le 8 avril, pour aller à sa
recherche. Arrivé à St. Hyacinthe, on, P informa que son frère rHa-
vûit pas été vu dans cette ville, depuis la soirée du 2 avril qu'il avait
passée en compagnie d'un nommé Jean-Baptiste Beauregard.
Avec l'aide d quelques amis, il prit de nouvelles informa' ions
qui eurent pour effet défaire naître de graves soupçons sur Jean-
Baptiste Beauregard, individu jouissant déjà cPune mauvaise répu-
tation. Le même jour, 8 avril, le chapeau d'Anselme Charron fut
trouvé sur la grève de la rivière Yamaska, à St. Barnabe, c est-à-
dire, à deux lieues et demie de St. Hyacinthe. Naturellement, cette dé-
couverte fit croire que Charron s'était noyé, ou que, .s*îZ avait été tué,
son corps avait été jeté à Peau. On commença des recherches dans
la rivière, mais elles furent longtemps sans résultats.
Ce n'est que le 5 mai dernier, plus d'un mois après la disparition
de Charron, que son cadavre fut repêché près du collège de St. Hya-
cinthe, à environ dix-huit arpents du pont Birau. Des médecins
constatèrent dans une enquête faite sur le cadavre, que le défunt ne
s'était pa8 noyé ou n'avait pas été noyé ; qu'il ne s'était pas tué
non plus en tombant dans Peau, qu'il avait succombé par une
mort très prompte causée par une commotion du cerveau produi-
te par des coups. Ces faits ajoutés à une foule de circonstances
augmentèrent encore les forts soupçons qui pesaient déjà sur Beau-
regard, ïlfut écroué dans la prison de Montréal pour y attendre son
procès qui eut lieu à la dernière session de la Cour du Banc de la
Reine, et se termina, comme on le sait, par la condamnation à mort
du prisonnier.
Jamais, à la connaissance de Thonoràhle Juge qui présidait,
procès criminel n'occupa aussi longtemps une Cour de Justice.
Les débats durèrent huit jours consécutifs, à partir du vendredi
matin, 7 octobre, jusqu'au samedi soir, Ifidu mMme mois. Pendant
AVANT PROPOS.
tout ce temps, V attention publique fut vivement excitée et la srlle
d'audience fut continuellement remplie par une foule de spectateurs
avides de voir et d'entendre. Tous suivaient avec une anxiété pro-
fonde le développement et les péripéties de ce drame dont ils auraient
voulu hâter le dénouement
Si nous publions aujourdhui ce pamphlet^ ce n'est certainement
pas dans V intention de satisfaire une vaine curiosité^ en mettant
sous les yeux du public les détails du crime commis par le malheu-
reux condamné. Nous avons cru faire une œuvre utile. Uhabileté
extraordinaire déployée dans ce procès, tant par V avocat de la cou-
ronne que par les avocats de la défense, P admirable enchaîneTnent
de la preuve faite contre le prisonnier, enfin la charge si savante et
si bien raisonnée de son Honneur h Juge Aylwin, en font, sans
contredit, une des causes les plus célèbres qui aient été plaidées en
Canada jusqu'à ce jour.
En donnant un rapport de ce procès, nous fournissons donc un
document précieux à tous ceux qui se livrent à l'étude du droit.
Nous pouvons ajouter de plus que le public en général retirera des
avantages de la lecture de ce rappm't, car il y trouvera d'excellents
enseignements et un terrible exemple des suites funestes de Vintempé-
rance. En effet, si Charron, aulieu de s'amuser à boire, s'était te-
nu sobre psiulant toute la journée du 2 Avril, sa famille n'aurait
pas aujourd'hui à pleurer sa mort, et la justice ne serait pas dans la
triste nécessité de punir un grand coupable par le dernier des châ-
timents.— A la suite de ces quelques explications que naus avons
cru nécessaire, nous pensons qu'on ne lira pas sans intérêt, le petit
portrait suivant de Beauregard, que nous extrayons d'un journal
français de cette ville :
" C'est un homme brun, à la stature puissante, à la tête large-
*^ ment développée. Chacun de ses traits est fortement accentué.
" Ses yeux, très vifs, sont surmontés d'épais sourcils, dont les mou-
" vements donnent à son regard une expression farouche. Une é-
" paisse barbe noire lui forme un collier qui s'étend d'une oreille à
" Vautre en cachant complètement le menton. Le reste de la figure
" a été soigneusement rasé. Il a plus d'embonpoint que la généra-
" lité de hommes.
i
a
J
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.è^/«!«'î TKi.'Ok
«.'♦. -
s;
■([^\.m l'î" \«v':
PROCES
DE
I- BTE. BEAMCÂIUI
CONVAINCU DU MEURTRE
FANSELME CHARRON.'
COUR DU Mm DE LA REINEf
^.TERME CRIMINEL.
PRESIDENCE DE S. H. M. IiE JUGE ÂTLWOT.
Vendredi, 7 Octobre, 1859.
Jean-Baptiste Beauregard, incarcéré sous prévention de
meurtre^ est appelé à la Barre,
M. JOHNSON agit comme Avocat de -a Couronne et MM.
DRUMMOND, CARTER et CHURCH, sont chargés de la
défense.
Les Jurés suivants sont assermentés : — Julien Miron^ Lambert
DesnoyerSi Pierre Grenier^ William Andrews, Alexis Jouherty
Jean Été. Dubonville, Edouard Lefelvre, Vital Demers, Nico-
las Claude, Barthélémy Groulx, Patrick Bower, Jos. Dépatis,
Cinquante quatre témoins sont appelés de la part de la couronne ;
il leur est défendu par la Cour d'entrer dans la chambre d'audien-
ce durant le procès. La même injonction est faite aux témoins de
la défense, qui sont au nombre de dix.
L"^ avocat delà couronne s'' adressant aux jurés, donne un court
aperçu de la cause et le premier témoin est appelé.
PRUDENT PALARDY.— Je demeure à la Présentation.
Je connaissais bien le défunt Anselme Charron, depuis trente
deux ans. J'ai vu son cadavre en mai dernier, dans la rivière
Yamaska, et j'étais présent à l'enquête tenue à St. H yacinthe.
Le défunt était un cultivateur à son aise ; il possédait un mou
^o.piio^Èë
.<'>■
Hn, et était &gé do quarante et quelques rnmées. Le deux avrî.
dernier, j'ai vu Charron sur le marché de St. Hyacinthe, mais je
ne lui ai pas parlé. Le cadavre du défunt a été trouvé dans la
rivière, en ma présence, près du rivage, le 5 Mai dernier. — Je jure
que ce corps trouvé, et sur lequel une enquête a eu lieu, était
celui d'Anselme Charron. J'ai remarqué qu'il avait une bles-
sure au menton et une autre, entre les deux yeux.
Interrogé par M. Carter : — Lorsque le cadavre a été trouvé, il
avait la fi<?ure en bas ; il ne flottait pas ; celui qui l'a trouvé l'a-
vait accroché par le bras. J'ai reconnu le défunt de suite
enl loi' v<l^aikJt^è derrière ^ de la tête, et je n'ai plûB en de do^te
■ur Son lifcntité, après lui avoir examiné la fi|fure. rJ'cst vers une
làeureetidènaie où âtax heures de Taprès-midi, le 2 afvril dernier,
qire j'ai vu Charfon sur le marché de St. Hyacinthe. <***
PIERRE CADORET,— âgé de 78 ans, cultivateur de St.-
Hyacinthe. — C'est moi qui ai trouvé le défunt dans la rivière
Yamaska. J'étais occupé à faire de la clôture, lorsque j'ai aperçu
quelque chose dans un remoux ; j'ai vu que c'était un corps, et je
l'ai amené au rivage ; j'ai jeté quelque chose dessus, puis je suis
allé chercher la police. Je n'ai pas reconnu le cadavre.
Par M. Carter. — J'ai trouvé le corps du défunt, près du Col-
lège de St. Hyacinthe, à dix-huit arpents du Pont Biron et à 60
pieds du rivage ; il était courbé et avait la figure en bas. Ce
sont MM. Page et Fontaine qui l'ont retiré de l'eau
NARCISSE HEBERT, —de St. Charles et beau frère du
défunt. Ce dernier était un homme robuste et jouissant d'une
bonne santé ; il était à l'aise. — J'ai vu le corps à l'eau, devant
la porte de M. Cadoret, et à l'enquête du coroner. Je l'ai par-
faitement bien reconnu. Après l'avoir retiré de l'eau, il a été
conduit au villag* ie St. Hyacinthe, où l'enquête a eu lieu. Sa
figure étant lavée, j'ai remarqué qu'il avait une blessure sur le
menton et une entre les deux yeux.
' ~ Par M. Carter. — Il y avait plusieurs personnes sur le rivage
lorsque je suis arrivé ; le cadavre n'était pas retiré de l'eau. En
voyant la figure de Charron, je l'ai parfaitement reconnu. Il
n'avait que les deux blessures dont je viens de parler, à la figure.
La peau du ft-ont était enlevée comme par de l'eau bouillante.
11 avait les doigts un peu crochis. Le défunt était de moyenne
taille, et il aurait été de même grandeur une fois noyé, s'il n'a-
vait pas été plié.
LOUIS CHARRON, ---âgé de 13 ans, neveu du défunt. Je
restais avec mon oncle à St. Charles, le 2 Avril dernier. Ce
jour là mon oncle est parti pour aller à St. Hyacinthe. C'est la
dernière fois que je l'ai vu. Il se rendait là par affiiires, pour y
retirer de l'argent. Je suis resté à la maison, avec mon oncle
Vital, frère du défunt. Quand mon oncle Anselme est parti, il
a pris deux rouleaux de billets de banque, et les a mis dans ses
poches de veste, un rouleau dans chaque poche. Ces rouleaux
de papier étaient gros comme mon poignet.-i-Mon oncle est par-
i
BBAUREOARD.
Iix avri.
mais je
dans la
-Je jure
ieu, était
me bles-
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C'est la
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; rouleaux
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«
tî en charrette vers neuf heures : il m*a dit en partant d'avoir
Wen soin de la maison, qu'il reviendrait le soir. — Je ne sais pus
lire. — Le défunt gardait son argent dans la valise où il a pris les
rouleaux de papier. C'est le samedi, 2 avril, qu'il a laissé la
maison.
Par M. Carter — Le défunt est parti vers huit heures pour
St. Hyacinthe : — je n'étais pas seul dans la maison ; il y avait
aussi un autre ménage, la famille de Vital Charron, composée
de trois enfants plus jeunes que moi, du père et de la mère.
Mon oncle était dans sa chambre, quand il a ouvert la valise où il
mettait son argent.-~Dos deux rouleaux qu'il a mis dans ses po-
ches, il en a regardé un. — J'ai examiné ces rouleaux ; mon oncle
ne les montrait par ce que je connaissais peu les billets de ban-
que. Je connais la différence entre un billet d'une piastre, et un
de deux. — Mon oncle avait des billets de toutes façons dans ses
rouleaux. — (On montre au témoin un billet de la banque de la Ci-
té ; il dit que'e'est un billet de la Banque^de Montréal Un autre
billet de la Banque du Haut-Canada lui étant exhibé, il dit que ce
doit être un billet des Etats. On lui montre un cinq piastreis,
qu'il dit être un deux piastres.)
Par M. Johnson.— -Je connais peu l'argent. — Je ne pourrais
pas bien voir la différence entre les billeis de Montréal et des
Etats-Unis.
VITAL CHARRON,~est frère du défunt et restait avec lu
à St. Charles. J'étais là le 2 avril au matin. Ce jour là, monî
frère est parti pour St. Hyacinthe entre huit et neuf heures, en
voiture. Il m'avait dit qu'il avait quelques affaires, et qu'il de-
vait retirer de l'ai'gent. Mon frère vendait des moulins; je ne
«ais s'il en a vendus à St. Hyacinthe. — A son départ, je n'étais
pas à la maison, étant parti plus k bonne heure pour aller tra-
vailler.— L'argent du défunt était dans sa valise, qui était à clef.
Cette valise avait un pied et demi de long et était couverte en
cuir. — Il n'y avait que mon frère qui la visitfût. Le eorps du dé-
funt n'a été trouvé que la 5êine semaine après le 2 Avril. — J'ai
vu le corps chez M. Etienne Lussierjje l'ai bien reconnu. — De-
puis la mort de mon frère, nous avons transporté la valise chez
le notaire Leblanc, le premier dimanche d'Avril, avîmt l'enquête.
Lorsqu'elle a été ouverte, j'étais présent ; il y avait dedans $88
ou $@9.
LUDGER PAGE.— Je suis chef de police à St. Hyacinthe.
Le 2 avril, je passais devant l'auberge de Làflamme, avec 4 hom-
mes de police, parmi lesquels se trouvaient Fontaine et Guer-
non. Il y avait chez Laflamme, MM. Auguste 1. éclaire, Nazaire
Civalier, M. Gultté, J. B. Paillon, Octave Maurice et Félix Robi-
taille. J'entendis du bruit dans la maison ; je vis que c'était une
chicane qui s'y était élevée ; j'entrai et je vis, si je me rappelle
bien, le défunt Charron avec le prisonnier, assis au pied de l'es-
calier; un peu plus loin se trouvait M. Guitté avec Madame La-
U^mme, Etant sorti de la maison, je rencontrai Fontaine et
6
PROCfes
•■ ?
M
Gnemon qnolqne!! in<«tants fir>r^. Forttfline mo dît:— " PHoré,
HiNHire'.'-inl eL (/hjirroa st^n vont, et Cimrroii e-it h'ww -n iraîh." —
Je rcMUai cUoz ii.diiiiJi.iii; à cIlmix ou trois reprises. VtM's dix
houres, j'ai revu IJe:uireuf ir»! ; il revontiit (l.ins l.i me (^asLMide, et
d ms la direction au pont Biron. Il a rencontré les lionimes do
police Fontaine '.'t Giiernon et est arrivé à moi en se frottant les
mains. Ensiiito il est entré chez Laflimnie où je lui ai vu pren-
dre un c uk puis jo no l'ai plus revu ce soir-là. Le 5 Mai dernier,
je fais tis des lechorclies dans la flame du moulin, pour trouver lo
corps do <Jliirroii, lorsqu'on est venu me dire de ne plus chercher,
que le corps é' lit retrou\é. Je me rendis surleslieux, et je retirai
le oïdivre de j'otm — J'avais l»ien connu (charron et quand je le
sor.is de l'eau, je n'eus p is de peine à le reconuiiître. Le défunt
n'avait p is de chapeau ; il avait un surtout ji^ris, un pantalon gris
et un autre noir, une veste noire, une cmvate remplie de simgj
deux chemises, et des bottes. J'ai gardé soigneusement quel-
ques uns de ces objets. Je produis ici un mouchoir, une montre
en argent et une clef en or; l'heure marquée par la montre n'a
pas été changée. La montre marque 11 heures moins 13 minu-
tes. Je produis aussi des argents que j'ai trouvés sur le défunt,
savoir: $12 en billets de Banque, $11 en trente sous, une piastre
en quinze sous, une cent et onze sous, formant $24 et 12 sous.
Je produis un chapeau que j'ai pris chez M. Désilets.— l^e lende-
main du jour où le cor s a été retrouvé, une enquête a eu lieu.
Charron uv.iir 41 ou 42 ans. — Il y a un rapide près du pont ; ce
rapide est formé par des cailloux, mais ces cailloux ne sont pas
bien haut. En bas du pont, il y a des dames faites pour retenir
l'eau.
M. DA.\vsr>'», horloger, examine la montre et remarque que,
lorsqu'ttlk .arrêtée, à 11 heures moins 13 minutes, la chaîne
n'était pas i\...aue au bout.
FÉLIX FO TAINK.— Je demeure à St. Hyacinthe depuis 8
ans; j'y suis homme de police. Charron venait à St. Hyacinthe
tous les samedis; on le disait riche. J'ai vu le défunt pour la
dernière fois, le 2 avril. Je pense l'avoir vu deux fois dans la
journée, l^a première fois, il sortait de chez Ducharme; il cham-
hran'aU ; il était bien en train. La seconde fois, je l'ai vu sortir
de chez Laflamme ; c'était vers lO^h. ou 11 heures. Il était en-
core bien ivre ; le prisonnier raccompagnait et paraissait à jeun.
Quand ils sont passés tous les deux près de moi, j'ai demandé
au prisonnier : " Beauregard, où vas-tu avec Charron ?" Il ne m'a
pas répondu ; il tenait Charron par le bras et il se dirigeait du
côté du pont Biron. Une minute après, je dis à Page : — Je viens
de voir passer Beauregard et Charron ; Charron est bien en train ;
la tête lui traînait jusqu'à terre." — Beauregard marchait bien
droit et il allait vite. Page m'a dit: " C'est bon, Beauregard l'a-
mène chez lui." — 16 ou 20 minutes après, je vis le prisonnier ve-
nir vers nous tout essoufflé et en se frottant les mains. Il venait
dupent Biron, même direction que celle dans laquelle il était allé.
Ti
BEAURGOARD.
rahi." —
ïiivs, dix
^eiide, et
nmcs do
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vu pren-
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(Il rftv<»nait «enl. Alor«« jp lui donnndti : — " Qu'ns-tn fnit de c«
■» puivr.^ riiîirroi)?' — lime ré|it.iidi: : •• Il i^-thiiT): lu^ s(ms pas
inquiet, Pontaine : il (^st assez l)i*'n, qu'il s'en v;» comme un chapeau
qui va sur l'eau." — J'ai pensé que le prisonnier voulait faire
un badin-jffe. Tout en parlant ainsi, nous avions fait quelques
pas. le prisonnier et moi. Je ne pense pris que le prisonnier au-
rait eu le temps d'aller ciiez lui et de revenir en 15 minutes, car il
demeure de l'autre cAté de la rivière h un arpent, au moins, du
pont. îiO défunt ne devait pas pnsser le pont pour se rendre chez
lui, mais c'était la route du prisonnier pour se rendre chez lui. —
Depuis cette époque, je n'ai pas eu de conversation avec le pri-
sonnier. Mais avant ces faits, le prisonnier m'a dit, — " Si j'avais
eu de rargent, je n'aurais pas'demandé une licence de tempéran-
ce, mais je n'avais pas assez d'argent pour avoir une licence pour
des boissons fortes." C'était le vendredi, la veille du 2 avril, qu'il
me disait cela.
Par M. Carter. — J'ai rôdé avec les autres hommes de police,
aux environs de chez Laflamme, pendant 3 ou 4 heures. Je n'ai
Î)as vu d'autre personne que le prisonnier et le défunt, allant dans
a direction du pont. Ce soir là, il faisait un peu noir, mais on
pouvait reconnaître les gens à 60 pieds. De chez Laflamme au
pont, il peut y avoir cinq ou six arpents. Quand le prisonnier et
Charron sont passés près de nous, nous les avons suivis un demi-
arpent ; nous n'avons pas été plus loin, le chef de police nous
ayant dit de ne pas nous éloigner de chez Laflamme. Il arrive
Bouvent au prisonnier de se frotter les mains, en parlant.
. PIERRE GUERNON.— Jesuis homme de police à St. Hya-
cinthe. Je connais très bien le prisonnier et je connaissais bien
Charron. J'ai passé la soirée du 2 avril avec Félix Fontaine. (Le
témoin corrobore le témoignage précédent jusqu'ici.) Après que
nous eûmes perdu de vue Beauregard et Charron qui s'en allaient
du côté du pont, nous sommes allés chez Laflamme ; nous y avons
vu un nommé Morin qui était ivre et qui demandait Beauregard.
Je l'ai conduit à la stîition de police, sur l'ordre de M. Page ; cela
m'a pris environ un quart d'heure ; revenu à mon poste, j'ai re-
trouvé Fontaine. Aussitôt le prisonnier est arrivé à nous en se
frottant les mains ; il nous a dit : — ^" Est-il tard ?" — ^" Dix heures et
^emie, onze heures " lui fut-il répondu. " Il est temps d'aller
|)rendre un coup " répliqua le prisonnier. Il était revenu du
Sjpôté du pont, seul. Il n'avait pas eu le temps d'aller chez lui, et
l'ai été surpris de le voir arriver si vite. Fontaine lui a demandé
î©ù il avait rais Charron, et il répondit qu'il était bien, de ne pas
litre en peine. Puis il s'est dirigé du côté de chez Laflamme avec
fontaine. Il avait l'air pressé et semblait vouloir se débarrasser
lie nous. Le samedi suivant, M. Lussier m*a demandé des nou-
,f elles de Charron ; je lui ai répondu : " S'il n'est pas chez lui, il
l^aut le chercher dans la rivière."
i Par M. Carter. — Quand le prisonnier est sorti de chez Ia-
lamme, je l'ai vu sortir ; j'étais à environ 80 pieds de chez La-
s
PROCÈS
flamme. D'autres personnes peuvent ôtrc sorties de chez La.
fliimme. J'ai suivi le prisonnier et Charron à quelque distance.
Lu nuit était îiasez sombre, mais elle était parfois éclairée par des
signaux ou tirants. Je pouvais reconnaître une personne à 80
pieds. Nous avons demeuré près de chez I^iiHamme jusque vers
minuit. C'est peut être do moi seulement que le prisonnier vou-
lait se débarrasser. Il y avait encore du monde chez Laflarome
quand le prisonnier y est retourné.
NAZAIRE CIVÀLIER— de St. Hyacinthe. Je suis allé, le
2 avril au soir chez Laflamme. J'ai connu Charron, et je l'ai vu
là. 11 a fait venir une traite, et j'ai pris un verre avec lui ; le pri-
sonnier et un autre en ont aussi pris avec nous, entre dix et onze
heures. Ensuite le prisonnier et le défunt sont sortis ensemble.
Je n'ai point revu ce dernier, et je ne me suis pas aperçu qu'il eût
do l'argent sur lui. Beauregard est revenu chez Laflamme, un
quart d'heure après en être sorti avec Charron. Alors il m'a de-
mandé si les personnes qui avaient entendu du bruit étaient par-
ties. Nous avons pris une traite ensemble, le prisonnier et moi,
c'est un nommé Poulin qui a payé. Avant ce temps, Beaure-
gard tenait une auberge sans licence. Le lundi, le 4 ami, il m'a
dit, chez lui, qu'il allait au village afin d'obtenir une licence, pour
vendre de la boisson forte. Il m'a dit qu'il n'avait pas eu les
moyen d'en prendre une plus tôt, il a ajouté qu'il avait trouvé des
amis, qui lui avaient procuré les moyens d'avoir cette licenca.
Par M. Carter. -^Lo soir en question, je suis entré chez Lîu
flamme une fois, au commencement de la veillée, et une autre
fois à dix heures. Il y avait là d'au'res personnes. Je connais
Joseph LusigTian, et je sais qu'il est en prison. Je ne me rap-
pelle pas l'avoir vu chez Laflamme, ce soir là ; on m'a dit qu'il y é-
tait. Il fesait noir, mais je ne puis dire à quelle distance on pouvait
reconnaître un homme. Au meilleur de ma connaissance. Beau.
regard n'a pas été plus d'un quart d'heure absent.
LEON DUCHARME.— Je demeure à St. Hyacinthe et je
m'y trouvais le 2 avril. — Je tiens une auberge. — Je connais le
prisonnier depuis 10 à 15 ans : je connaissais aussi le défunt. —
Le 2 avril, j'ai vu le prisonnier deux fois^ ttnefotH en conipagnie
du défunt. Ils ont pris un coup snsemble ; je crois que c'est
Charron qui a payé. — Le dimanche matin, je rencontrai de nou-
veau le prisonnier vers 6 ou 7 heures.—" As-tu eu connaissance
de quelque chose hier soir ? " Hier soir, lui ai-je répondu, il y a-
vait qaelqu'un chez nous ; vers 11 heures, nous avons entendu
du bruit ; étant sortis, nous avons aperçu plusieurs personnes
sortant de chez Laflamme. " Le prisonnier me dit alors : " Ce n'est
pas de cela que je veux parler ; il y a des gens qui disent avoir
entendu crier au meutres dans la direction du pont Biron. " Je
n'ai pas entendu parler de cela, lui ai-je répondu.
Lorsque cette conversation eut lieu entre moi et le prisonnier,
un nommé Guertin, qui est mort depuis, se trouvait avec noua
Le prisonnier lui demanda ; " Ce n'est pas toi qui a cri^ sur h
pont ?
«ftiouta
répond
^ard.—
«'était
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'du moî
•qu'il hi
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BEArREOARD. W
e chez La., pont?" — Von,r(^pon(îît Ciiortin. " AMu roncontrA quoiqu'un,
le distance, laiouta le prisonninr, toujours (^n s'adrcssnnt à (îucrtin. — Non,
irée par des répondit encore ce dernier. " Giiertin était le voisin de Beaure»
paonne à 80 ^rard. — Celui-ei dit avoir entendu siffler et demanda à Guertin si
usque vers «'était lui qui sifflait. Guertin répondit que non. Alors le pri-
onnier vou- «onnier lui dit : — Commpje débarquais de sur h Pont, du r/ité
; Laflarome •Ju mmilin, je crois que c'e^l toi qui embarquais " Il voulait dira
•qu'il laissait le pont en g-.içrnant le villn(]fe.
suis allé, le , Le vendredi, 1er avril, un avait accordé des certificats à ceux
et je l*ai vu qui voulaient avoir des licences. Dans le cours de la semaine
• lui ; le pri- précédente, le prisonnier m'avait dit qu'il n'avait pas d'arpjent
5 dix et onze jpour obtenir une licence pour vendre des boissons enivrantes,
s ensemble, luette licence coûtait ^1^62 tandisqu'une licence pour boissons de
■Qu qu'il eût iompérance ne coûtait que $20. Le lundi nuivant, je vis le pri-
aflarame, un uonnier ; il me dit : — Vous siiurez que je vais prendre une licence
rs il m'a dé- ^'auberge. — Pourquoi ne l'as tu pas prise en même temps que
étaient par- tous, lui ai-je dit .'— '" C'est qu'alors je n'en avais pas les moyene
nier et moi, et que maintenant, je les ai, me répondit le prisonnier, sans
ps, Beaure- nommer qui lui avait fourni cet argent, ou, cruelle somme il
avTil, il m'a uvait eu. "
licence, pour g Par M. Drummond. — Le prisonnier avait dit qu'il y avait des
pas eu les -gens qui lui procureraient de l'argent. Je demeuî-e prv^.- du mar-
t trouvé des fché à un arpent et demi de chez Laflamme. — Quand Chan on est
e licence. sdisparu, il n'y avait plus de irlace dans la rivière Yamaska, dont le
:ré chez La- ]|it, prés du pont Biron, est formé de g-alais et de roches nicrQes,
ptune autre -> EDMOND CHAGNON.-— Je demeure à St. Hyacinthe où je
Je connais me trouvais, le 2 Avril, engagé chez M. Laflamme. Le soir
ne me rap- %n question, il y eut chicane entre Paillon et Lue Soly. Plu»
dit qu'il y é' tieurs personnes s'étaient rassemblées; le prisonnier et le dé-
e on pouvait funt étaient du nombre.
sance, Beau» i. Par M. Drummond. — Pendant la soirée en question, j'ai re^té
presque continuellement chez Laflamme.
inthe et je 4 LOUIS FONTAINE.— -Le 2 avril, au soir, je me trouvais
e connais le gvec mon père (témoin déjà entendu) et trois autres personnes
e défunt.-- 4hrès de chez Laflamme. — Entre 10 et 11 heures, j'ai vu le dé-
n compagnie ^f^nt Charron et le prisonnier se dirigeant ensemble vers le pont
is que c'est -ïliron. ( Le témoin corrobore pour cette partie la déposition de
itrai de nou- ton père.) — J'ai vu ensuite le prisonnier en compagnie de Lusi»
connaissance #nan, tous deux venant dans la direction du pont Biron. Ils se
ondu, il y a- ^ont laissés près de chez M. Cadoret. Beau regard est alors
îns entendu 4|renu nous rejoindre. Mon père lui a demandé : — Où as tu mis
s personnes Charron ? — Beauregard répondit : " // est bien ; il va comme un
depuis le moment
moment où il est
chez lui ; il de»
Jieure de l'autre côté du pont Biron à un arpent environ. — A la
uite de la conversation qu'eut le prisonnier avec les hommes de
t avec noua ij^lice, il est entré chez Laflamme ou il a payé une traite en di-
. crié sur le iMint ; " iVaw<j allons boire ^ la san^é de celui qui va comme un
è
M
10
PROCÈS
)ipe.
thav^u sur Tc^u.^^ Ensin'to, le prÎFonmVr est sorti : jV'taîs alors jp^^i^ '
chez Lîiflrtinm»'. Lorsque la traite a cto payée, il y avait à peu F ,^^
près dix personnes dans la maison ; je ne me rappelle pas les
nrim^ de ces personnes, mais je sais que c'est M. Laflamme quia
servi la traite. — Dans ce moment là, Beanregard n'était pas ivre;
il était nn peu en irnin. — Q'iand la traite eAt été payée, je g"
m'en suis retourné chez rroi : je demeure à 6 arpents de chez La- ■CU
flamme. — Le lundi, je suis parti pour les Etats-Unis ou j'allais lîîj" '
faire les semences; avant mon départ, je n'ai pas entendu par- ^ ^"f
1er de la disparition de Charron. Bon d(
Par M. Drumniond. — Le soir du 2 avril, je me trouvais dans^f^ ,
la rue avec mon père, Guernon, un nommé Tétreau. et au meilleui t^<^" <^'
de ma mémoire M. Page. — Nous avons tous suivi de près Char- JP^rti (
ron et Beauregard quand ils allaient du côté du pont. — J'étais iP^}^}
chez Laflamme à environ dix pieds de la barre, quand Beaure- «fe. «
gard a payé la traite dont j'ai déjà parlé. Je suis resté un quart P^'. "
d'heure chez Laflamme après que le prisonnier y fut revenu ; je J??^^'
fumais ma pipe. Je n'ai pas bu un seul verre durant la veillée. jI^* "
Quand la traite a été payé, je n'ai vu que Laflamme dans h £p^^
barre ; le commis Edmond Chagnon était absent. — C'est après * f>
que Bcauregard eût payé la traite que je l'ai vu avec Lusi- ^1"®"^'^
gnan. J'étais alors au coin chez M. Leclerc. Beauregard et t. ^^
liUsignan venaient enspmble et ils se sont séparés au coin che2 s^^ , , .
M. H ébert. — Ce soir là, il faisait assez clair pour voir à cenl #"^^1^
pieds On pouvait distinguer un homme de chez M. Leclerc iP^*"^®
jusqu'au pont ; il peut y avoir trois ou quatre arpents de chez 5 1
M, Leclerc au pont, mais la rue est en droite ligne. — Je suis à jf|^**P®"
St. Hyacinthe depuis 7 ou 8 ans. J'ai demeuré trois mois oti ^ P^
trois mois et demi dans les Etats-Unis ; environ quinze jours a ^^
après mon départ, j'p.i entendu dire que M. Beauregard étaii if® ° ^
pris. ï^ J^.'
Par s. H. Le juge Aylwin. — Le prisonnier était chez La- j^y**^'
flamme quand je l'ai vu pour la dernière fois. — Je n'ai pas vii d^ !?
Lusignan chez Laflamme ce soir là. — C'est après que le prison- ^^'
nier eût quitté Lusignan, qu'il a payé la traite: — J'étais à envi- , ,
ron cinquante pieds de Beauregard et de Lusignan quand ils sf 1" P^
sont laissés • namm
MADAME VITAL CHARRON.— (Julie Fontaine.)— Je de- 1^^^^'' ^!
demeure à St. Charles et j'y restais au commencement d'Avri ?^^J^
dernier. Le défunt Anselme Charron demeurait chez nous.—
J'ai vu le défunt pour la dernière fois, le 2 Avril. — îl a passt
dans le côté de la maison où je reste avec ma famille. Outrf
mes trois enfants, il y avait aussi deux de mes neveux^ dans l
maison. — Anselme Charron est parti pour St. Hyacinthe en cha
rette vers 8 ou 9 heures. . A. M. — Il portait ce jour là uii(
bougrine d'étoffe grise, des culottes d'un gris noir, une veste d(
drap noir, un mouchoir autour du cou, une chemise blanche rayéf
towgCj en guiliaUmey ifii chapeau de laîné ïiôir^ des -grandes ff
botteg noires. Il était nu mains quand il est parti ; il tenait sî è
occ
lin
nson
BEAUREGARD.
11
%)ipe. — (Le chef de police P.igé produit le chapeau que le térncîn
iVtais Rlor»» P^^^^ reconnaître.) — Je ne reconnaîtrais pas les objets qui ont été
V avait à neu f ^trouvés sur le défunt. Ce dernier avait une valise dont lui
jpelle pas les
iflamme qui a
eul gardait la clef. — Le cheval et la charette du défunt ont été
amenés à St. Charles, le 10 avril; c'est mon mari qui est allé
'tait pas ivre ; ^^® chercher à St. Hyacinthe. — Le défurt, à son départ de St.
té oavée iç JCharles, le 2 avril, m'a dit qu'il reviendrait de suite. Deux jours
s de chez La- fiW^^ son départ, on ne pouvait s'imaginer ce qu'il pouvait faire.
«;« «« î'oiioîo Mon mari est parti, le 8 avril, pour aller le chercher. — Le corps
nis ou .1 allais f:, . _,t^ >.> , *^ , . . K
entendu par- ^^"sd^i^G Charron a ete retrouvé presque cmq semâmes après
^' fion départ,
trouvais dans i* ^^^ ^' Carter. — La porte de la chambre d'Anselme Char-
,^♦ o.i moiiilii» .^on était fermée quand il s'est habillé ; — il était seul lorsqu'il est
Bt au mPiileutT x- j u i: n * v, n • *
ie près Char- P^^^^ "^ ^^ chambre. Il est venu chez nous allumer sa pipe et
QP( J'étais f^ '"^ ^ P"* ^" temps.
land Beaure- GABRIEL RENAUD. — Le 2 avril dernier, je demeurais à
resté un quart ^^' B"'*"'^^^, à trois lieues de St. Hyacinthe. — Le 8 du même
ut revenu * ie P^^^^f enchâssant les rats musqués, le long de la rivière Yamaska,
ant la veillée j'^^ trouvé un chapeau noir, de laine ; je l'ai lavé et emporté
nme dans la £j^^^ ™®^ > J® '"'^ ^^ ^^^ ^*"® petite boucle de ferblanc. —
—C'est aorès éP^ montre le chapaau au témoin qui dit le reconnaître). — J'ai
avec liOsi- 5^ouvé le chapeau sur la grève à deux pieds et demi de l'eau ;
{eaureffard el F *^^* ^^^^^ ""® boucle de ruban. — C'est à deux lieues et demie
cmn chez ^^ ^^' Hyacinthe, que j'ai trouvé le chapeau. — La grève, en cet
voir à cenl |^"<^^*^^*' ^^^^ "" pC" V^^^ haute que l'eau. La glace était alors
M Leclerc '|^^^^^® » i^ y ^^'^^^ encore, cependant, quelques glaçons sur la rive.
nts de chez s /'ctr M. Drummond. — Il y a des ponts entre l'endroit où le
T g^jg « ^^îhapeau a été trouvé et St. Hyacinthe. — Lorsque j'ai trouvé le
rAia mnU nii ^^bapcau, la glace était partie depuis quelques jours.
quinze iours '^ ANTOINE JOLY.— .Te demeure à St. Barnabe et j'y restais
ureo-ard étai' ïï^ ^ ^^^^^ dernier. — Je n'ai pas vu trouver le chapeau, mais j'ai
^ ' vu venir Gabriel Renaud portant le cliapeau. Etant allé à St.-
tait chez La- Py^^i^th^, j'ai entendu parler de la mort de Charron, et, à cet-
n'ai PIS vu è^ occasion, j'ai parlé du chapeau trouvé. Aussitôt le frère du
1^ ««:^«„ çéfunt est parti pour aller cliercherle chapeau. — Je connais le
que le pnson- r . • ^ • * • • • . i /^u n
Pétais à env'- JP'''sonnier et je connaissais aussi Anselme Charron, pour lavoir
„„j •!„ „" ^u plusieurs fois. Le 2 avril, i'ai rencontré le défunt chez M. La-
n quand Ils se * ^ \ o* tj - h. "i •* • • -j- t •
^ flamme, à ^^t Hyacinthe ; c était, je crois», vers midi. Le prison-
. V j j ipier était avec Charron et tous deux parlaient ensemble. — Beau-
ement d'Avri i^^^^^ *^^ donna la main, et me demanda de prendre quelque
^hose, ajoutant que son ami Charron paierait la traite, car il
tait plein de fonds. — En disant ces mots, le prisonnier me te-
ait par la main et tenait le défunt p.^r le bras, essayant de nous
ntraîner dans la barre ; mais je ne voulais pas entrer et le de-
nt ne s'en souciait pas non plus. — Je crois que le corps de
harron a été retro'né le 5 mai. J'ai vu le cadavre comme on
i sortait de l'eau, et j'ai reconnu que c'était le corps d'Anselme
harron.
chez nous.—
[. — Il a passt
mille. Outr(
eveux^ dans li
lîinthe en cha
e jour là un(
, une veste de
de"^-^ndes t ■'**"' ^' I^nimmond. — Je n'ai pas l)u avec Beauregard et Char-
l\ ; il tenait sî ^
1
t.!
ton et je ne les ai pas vu boire, mais Beauregatd cherchait à
entraîner Charron. Ça ne m'a pas étonné, car ça se voit tous les
jours dans les aubergfes.
VITAL CHARRON.— Je suis le frère unique du défunt—Le
samedi qui a suivi celui du 2 avril, je suis parti pour aller à là.
recherche de mon frère. M. Joly (le témoin précédent) m'a in-
formé, à St. Hyacinthe, qu'un jeune homme de St. Barnabe avait
trouvé un chapeau . Je suis allé à St. Bafnabé chercher
le chapeau. Je reconnaîtrais le jeune homtne qui a trouvé
le chapeau. — (On fait venir le jeune homme que le témoin re-
connaît).— Dès que je fus en possession du chapeau, je le remis
au bureau de police, à 8t. Hyacinthe — Quand mon frère est
parti, le matin, son chapeau n'avait pas la boucle blanche .qui s'y
trouve maintenant.
ADOLPHE DÉSn.ETS.— Je suis iîls du Shérif Désilets et
en môme temps, son député — Je me rappelle que, dans le mois
d'avril dernier, on m'a rerais un chapeau. C'est à l'office du
Shérif que le chapeau a été déposé par M. Page. — (Le témoin
reconnaît le chapeau) — Le chapeau a été apporté seul; ce n'est
que plus tard, après que le corps eût été retrouvé, qu'on a appor-
té d'autres effets. — J'étais présent lorsque les effets ont été trou-
vés sur le corps du défunt. — (Au moyen d'une liste qu'il a pré-
parée, le témoin énumère et identifie tous les effets mentionnés
et produits par Page) -^Les billet.«» de banque étaient dans la po-
che droite de la veste du défunt. Je crois que les comptes et
les enveloppes de lettres étaient dans la poche gauche de son
pantalon. La monnaie était dans la poche droite du pantalon ;
une partie se trouvait dans une bourse. La montre était dans
la poche gauche de la veste
JOS. EUSÉBE LEBLANC, N. P.— Je ré.side à St. Charles et
je connaissais bien le défunt Anselme Charron ; je le voyais sou-
vent ; — je l'ai vu peu avant sa disparition. — Le défunt était cul-
tivateur et commerçant ,* c'était un homme en moyens. — Après
la mort d'Anselme Charron, j'ai fait nommer un tuteur au mineur
Pierre Charron. — Le 10 Avril, une valise appartenant au défunt
a été apportée chez moi, et n'ayant pas de clef, je l'ai ouverte en
îréspuce de quatre témoins. La clef trouvée sur le cadavre et
)roduite par l'otîicier de police, ouvre parfaitement bien cette va-
lse. Elle contenait, tant en monnaie qu'en billets de banque,
$88.50, une montre en or, et divers billets et obligations. J'ai
fait un procès verbal de l'ouverture de la valise et de son conte-
nu ; cette valise est toujours demeurée depuis en ma possession.
Je n'ai pas vu le corps après qu'il eût été retrouvé. — (Le témoin
reconnaît une obligation en faveur du défunt par Eustache
Beauregard et Vital Beaurej^ard.)
Par M. Drummond. — J'ignore s'il existe aucun degré de pa-
renté entre le prisonnier et les nommés Eustache et Vital Beau-
regard
PIERRE LUC JQLY.— liç 2 avril» entre midi et deux heures,
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lait.-
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chez
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fieAdABOAfifi.
19
i cherchait à ^ défunt est venu chez moi pour acheter des moulins à battre.
voit tous les g^je devais le rejoindre chez M. Laflamme — Les personnes qui
étaient chez Guertin, étaient Beauregard, Octave Maurice, Au»
guste Lefebvfe, et Dansereau. Ils mangeaient un steak. Char-
ton a demandé un verre à M. Guertin qui tenait la barre.
Guertin lui répondit : " Vous en avez assez." Beaureg^rd dit
alors : " Si Charron en a assez, nous nVn avons pas assez nous
liutres." — Entre dix heures et un qnart et dix heures et demiey
i*aî vu Benuregard et Charron entrer chez Laflamme. J'étais
Qoî-raéme chez Lafl:imme.-^I1 v avait eu une difficulté dans la
i, je le remis inaison entre moi qui avais été attaqué et un autre. II y avait
ion frère est flu bruit à propos de cette difficulté quand Beauregard e«t entré
fchez Laflamme,-^ Après que Beauregard et Charron furent partis,
je ne les ai pas revus ce soir là. Je suis parti de chez Laflamme
vers onze heures et vingt ou onze heures et demie. Charron et
Beauregard étaient partis avant moi.-^Ce jour là, j'ai fait des af-
faires avec le défunt Charron.
Par M. Drummond-"-Nous nous étions entendus, Charron et
moi, pour nous rencontrer le soir, vers 7 ou 8 heures. — Lorsque
Beauregard et Charron sont entrés chez Laflamtoe, je m'y trou-
vais pour la seconde fois.
ROBERT ERVING,— Je demeure â St. Hyacinthe, et j'y étais
le 2 avril dernier. J'ai connu le défunt que j'ai vu, la dernière
fois, vers deux heures de l'après midi, au jour que je viens de
mentionner. Pendant cet après-midi, il m'a donné $44. Il y
atait $30 en billets du Canada, $51 en argent dur, et deux cinq
u pantalon ; piastres en billets de Ban(;|ue des Etats-Unis. 11 n'a compte
B était dans que cet argent devant moi ; je ne puis pas dire s'il en avait d'au-
tre, et il l'a pris dans sa poclie de veste, je ne sais laquelle — Le
soir, il est revenu prendre le thé chez moi, vers sept heures et
demie — Je tiens hôtel. — En partant, il m'a dit qu'il allait au pe-
tit ranffi environ vers 7^ heures.— -J'ai vu le cadavre sur le rivage
et je l^i bien reconnu pour celui de Charron.
Par M. Drummond. — Je ne sais pas, au juste, sur quelle jcue
étaient les égratignures que j'ai vues sur le visage du défunt; je
Sensé qu'elles auraient pu être faites par les gravois qu'il y a
ans la rivière.
PIERRE PALARDY.— J'ai connu le défunt, et l'ai vu le 2
avril dernier, à St. Hyacinthe, deux fois, dans l'après-midi. J'ai
acheté de lui un moulin, que j'ai payé 1,500 francs ou $250 ; sur
ce montant, je lui ai payé $25 ; au meilleur de ma connaissance,
$16 en billets de banque, et le reste entrente sous. — L'argent de
papier consistait en un billet de $5, un ou deux de $2, et les
autres de $1. — Quand j'ai vu Charron, pour la première fois,
c'était chez Laflamme ; le prisonnier était à ses genoux et lui par-
lait.— Je lui ai alors demandé si c'était le bon temps pour lui
donner de l'argent ; il m'a dit que oui. — Nous sommes sortis, et
chez M. Préfontaine, je lui ai remis la somme que j'ai déjà men-
tionnéo. Lorsque je lui ai donné cette somme, U a tiré
défunt. — Le
)ur aller à la
dent) m'a m-
îamabé avait
ibé chercher
qui a trouvé
e témoin re-
anche qui s'y
if Dôsilets et
dans le mois
à l'office du
—(Le témoin
eul; ce n'est
lU'on a appor-
ont été trou-
3 qu'il a pré-
s mentionnés
at dans la po-
s comptes et
luche de son
re
t
11
Charles et
voyais sou-
nt était cul-
ens. — Après
r au mineur
au défunt
ouverte en
cadavre et
ien cette va-
de banque,
itions. J'ai
I son conte-
possession.
-(Le témoin
Eust<aehe
Bgré de pa-
Vital Beau-
@yx heures,
14
PROCÈS
11
■1
dé sa poche de veste droite, plusieurs billets de Banque, au-
tour desquels il a roulé ceux que je lui donnais, et remis le
tout dans la même poche de veste. — Quand il a tiré l'arg-ent de sa
poche, il en av«it la main pleine. Après que je l'eus payé, nous
sommes partis quatre, pour aller prendre un verre de bière chez
Laflamme ; c'est Charron qui a payé ; après quoi, il est parti, vers
4 heures.
Par M. Drummond. — Je suis certain que c*était de l'argent
de papier que le défunt avait dans la main ; je ne sais pas lire,
maisje puis distinguer une piastre d'un deux piastres.
MICHEL GUERTIN.--Je suis hôtellier à St. Hyacinthe.— Je
connais le prisonnier qui est venu chez moi, vers huit heures du
soir, avec le défunt, un nommé Maurice et une autre per-
sonne du nom de Dansereau ; ils m'ont demandé un steak. — En-
suite, Charron et Dansereau ont fait venir des huîtres ; ils m'ont
donné chacun 30 sous, et je leur ai fait quatre soupes aux huî-
très. îls m'ont demandé de la boisson, je leur ai dit qu'il y en
avait un qui en avait trop — Ils ont fous prU^ à part le défunt.
Maurice est sorti le premier, Beauregard et Charron ensuite. — Il
était alors 9^ heures. — Je revenais de reconduire des femmes,
quand, passant devant la maison de Laflamme, vers lO^ heures,
j'iii enti ndu du bruit ; je suis entré ; et j'ai vu le défunt dans l'es-
calier, la femme de Laflamme et M. Guitté ; c'est là que j'ai vu
Charron pour la dernière fois. - ^ •
Par M. Carter. — Je sais où. demeurent MM. Hébert et Cado-
ret. De chez eux à la maison de Laflamme, il peut y avoir 200
pieds. Du coin de chez M. Leclerc à la demeure de Laflamme,
il y a 80 pieds. — La nuit en question était noire. — De chez La-
flamme au pont Biron, il y a pour le moins 4 arpents.
OCTAVE MAURICE.— Je connaissais bien le défunt Char-
ron. Le deux avril dernier au soir, j'étais avec lui chez Michel
Guertin. Lefebvre et Dansereau étaient avec nous — Nous nous
sommes mis à table vers 9h. ou 9^h. J'aperçus alors le prisonnier
qui était ù un bout de la table; je ne sais pas comment il se trou-
vait là. Après avoir pris notre souper, je demandai au défunt un
30 sous à emprunter. Il me répondit: " Je n'ai pas de 30 sous,
mais je vais te prêter une piastre," et il m'en remit une. Il y avait
deux chandelles sur la table où nous étions.
NARCISSE ST. GERMAIN.— Je demeure à St. Hyacinthe-
Je connaissais le défunt Charron. Le 2 avril, le prisonnier est
entré chez moi vers six heures et demie ou sept heures du soir.
Il m'annonça que des Irlandais avaient fait du bruit dans la vil-
le et qu'ils avaient été pris " On veut aussi, dit-il, prendre
un Canadien, mais le Canadien n'est pas si aisé à prendre ; " ce
disant, il donna un coup do rrarce.tte sur la tible. Je n'ai pas vu
la i'nrcHle, jnai« ma fomme l'a vue. Alors. j'«i dit au prisonnior;
** Tu es un peu en train., tu ferais mieux de t'en aller chez vous,
car on pourrait te mettre dedans à la place du Canadien que tu
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veux défendre. " Je voulais alors l'empêcher de se rendre en
ville, mais il ne m'a pas écouté.
Le prisonnier avait l'habitude, quand il se trouvait en train^ de
porter sa garcelte dans sa poche. Avant de partir, le prisonnier
m'a demandé d'aller chercher mon père pour jouer aux cartes.
Gomme je n'y allais pas, il s'en est allé en se dirigeant du côté
du marché ; c'est dans cette direction que se trouve l'auberge de
Ijaflamme. Le prisonnier, avant de partir, m'avait demandé si je
voulais aller avec lui aux cabanes à sucre, où nous serions, disait-
il, rendus à, minuit. Je n'ai pas revu le prisonnier ce soir-là.
^jC lendemain, le dimanche, le prisonnier a voulu me l^ire
éveiller, m'a dit ma femme. Beauregard serait ensuite revenu
chez moi une seconde fois, puis une troisième. Cette fois, je l'ai
vu. Je lui dejcnandai quel avait été le succès de sa veillée ; il m'a
répondu qu'il était allé manger un steak avec Maurice, Danse-
reau et Charron. Je lui ai demandé quel était ce Charron. 11 me
répondit : " C'est un Charron de St. Charles ; il vend des mou-
lins." Beauregard m'a invité à aller chez lui, et j'y suis allé.
Là le prisonnier dit à sa femme : " Ce n'est pas Guertin qui a
crié, au meurtre^ cette nuit ; je le lui ai demandé, et il m'a dit que
ce n'était pas lui. " J'ai demandé au prisonnier qui lui avait dit
qu'on avait crié au meurtre. Le prisonnier m'a dit que c'étaient
des nommés Charron. Ces Charron restent à St. Hyacinthe, de
l'autre côté de la rivière. En sortant de chez Beauregard, la
première personne que j'ai rencontrée a été un de ces nommés
Charron. Je demeure à 75 pieds du pont environ. J'avais passé
la veillée du samedi chez Murchessault. Ce monsieur demeure
sur le bord de la rivière. Je suis revenu de chez Marchessault
vers onze heures et troi-i quarts, et j'ai passé au bout du pont.
Dans la veillée, vers dix heures et 3 quarts, j'ai entendu deux
cris de détresse ; quand le premier cri a été entendu, mon père
a dit " Qui c^esl que ça ?" Aussitôt, on a ouvert la porte et on a
entendu un second cri. Ces cris n'étaient pas distincts, mais on
voyait que c'était la voix d'un homme en pdne. Ces cris venaient
du pont. On entendit aussi l'aboiement des chiens dans cette
direction. On se remit ensuite à jouer aux cartes, et, après une
dizaine de minutes, je m'en retournai chez moi. Mon père et
mon frère demeurent chez un M. Girard près du pont, et du côté
Nord. Ce M. Girard a un chien.
Par M. Drummond. — Marchessault demeure en haut du pont.
Pour me '"••idre chez moi, j'ai descendu la côte qui mène au pont;
ma demeure est à environ 80 pieds du pont. Beauregard m'avait
dit, le samedi soir, qu'il viendrait me chercher à minuit pour aller
rejoindre ses parents à la sucrerie. Je n'ai pas été surpris de voir
Beauregard chez moi, le dimanche matin, de bonne heure ; il était
entendu entre nous que nous irions à la chasse, de bpnne heure,
ce matin-là. Nous avions l'habitude de chasser,, soit dans le^do-
maine, soit sur le bord de la rivière, dans les rapides vis-à-vis de
la ville.
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JOSEPH ST. GERMAIN, père.—Je demeure à St. Hyacin-
the, près da pont Biron. Le 2 avril dernier, j'ai passé la veillée
chez Thomas Marchessault. Je suis parti avec mon fils, vers une
heure. Durant la veillée, vers dix heures et demie, j'ai entendu
un cri pitoyable ; alors j'ai dit â ceux qui se trouvaient avec moi:
** Qui c'est que ce cri là ? Ecoutons aonc." Et nous avons en-
tendu un second cri, mais plus faible que le premier. Ces cris
venaient du bout nord du pont. De chez Marchessault au pont,
en ligne droite, il peut y avoir environ deux arpents et demi.
Les cris que j'ai entendus étaient certainement ceux d'un homme,
mais je n'ai pas distingué les mots. J'ai aussi entendu japper un
chien dan& la direction du pont. Trois semaines avant cette épo-
que, j'avais vendu une terre et le prisonnier me dit alors : " Père,
ne rôdez pas trop avec votre argent ; pour moi, je tuerais un
homme comme je tuerais un rat, pour avoir de l'argent. " Je lui
répondis, en le regardant ; " Tu es bien assez crapaud pour le
faire." Il me répliqua : " Vous n'avez qu'une mort à mourir,
père." et j'ajoutai : " Tu serais bien trompé si tu me tuais ; je
n'ai jamais plus de deux piastres quand je sors."
Par M. DrummoTid. — Qrand j'ai entendu ces deux cris, il y
avait avec moi, chez Marchessault, M. Girard dit Lazonne, Joseph
Marchessault, et Frs. Viau. Quand je suis arrivé che^. moi,
après la veillée, il était une heure, et j'étais parti un des premiers.
J'ai tenu cette conversation avec le prisonnier, chez mon fils,
Narcisse St. Germain ; c'était au commencement de mai. Je vo-
yais le prisonnier, et je jouais souvent aux cartes avec lui. Il
était ami avec mon fils. Lorsque le prisonnier m'a dit ce que
j'ai l'apporté, j'ai eu peur. Après cette conversation, j'ai loué an
beau-frère du prisonnier, une maison que le prisonnier devait oc-
cuper. J'ai aussi signé une requête recommandant le prisonnier
comme étant qualifié pour tenir une auberge de tempérance.
Après que les cris eurent été entendus, je suis resté avec les au-
tres un peu plus de deux heures chez Marchessault.
DENISE DANSEREAU.— Je demeure maintenant à Ver-
chères.— Le 2 avril dernier, je restais à St. Hyacinthe, dans une
maison qui se trouve à 40 ou 60 pieds du pont, du côté nord.
Cette maison est bâtie sur la grande rue. Le soir du 2 avril,
j'étais chez moi, et mon mari, Michel Girard était allé veiller.
Louis St. Germain se trouvait avec moi. Je me suis couchée vers
10^. h. A 10 h. 85 minutes, à notre horloge, la porte de la n.ai-
son a été défoncée. En ce moment, je ne dormais pas encore ;
en entendant le bruit, je me suis levée, et je me suis aperçue que
la porte avait été enfoncée ; elle était toute grande ouverte, quoi-
que je l'eusse fermée à la clef; les vis avaient été arrachées de la
serrure. Je n'ai entendu qu'un seul coup qui m'a paru être un
coup de pied, j'ai allumé une chandelle, et je suis allée voir
l'heure ; on a ensuite réparé la porte, ce qui a pris huit ou neuf
minutes. Alors j'ai entendu plaindre^ ainsi que Louis St. Ger-
main. Je suis <}ertaîne que lea^ris que j'ai entenduâtétaieut. les
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cris d'une personne ; ces cris venaient du côté du sud, à une dis-
tance d'environ 60 pieds de la maison. (Le témoin se trou-
vant indisposé, le Dr. Beaubien déclare sous serment, qu'il ne
peut continuer sa déposition pour le moment )
LOUIS ST. GERMAIN.— Le 2 avril dernier, je demeurais à
St. Hyacinthe, chez Michel Girard o\i j'étais en service. La mai-
son de Gimrd est à environ 60 pieds du pont. J'ai passé la veil-
lée chez Girard. Il y avait aussi dans la maison Mme. Girard et sa
servante. Ce soir là, le magasin a été fermé à 8f h. et M. Gi-
rard est parti avec son commis. A 9i h. ou 9f h. je suis allé me
coucher ; je dormais quand la porte a été défoncée. Eveillé par
le bruit, je me suis levé et je suis allé voir ; j'ai trouvé la porte
défoncée. J'ai regardé dehors, mais je n'ai rien vu. J'ai fermé
la porte avec des morceaux de bois. Un homme qui s'est nom-
mé Kennelly ou Connolly est venu me demander une chandelle.
J'ai ensuite entendu trois cris dans la direction du pont. C'étaient
des cris de détresse. J'étais alors sur le perron, derrière la mai-
son. J'ai voulu sortir, mais Mme. Girard qui avait peur m^en a
empêché. Le chien jappait beaucoup en se tournant du côté de
la rivière. Je suis allé ensuite à la porte de devant ; en ce mo-
ment, j'ai entendu marcher une personne, et aussitôt après, une
autre. Ces personnes n'allaient pas dans la même direction. Le
chien qui était alors sorti revenait en jappant. J'ai demandé à
Mme. Girard, quelle heure il était ; je pense qu'elle m'a répondu :
"10 h. et 11 minutes." Les cris venaient du côté du pont, à
cent pieds environ de la maison. Les cris étaient de la même
voix. Ce soir là, le temps étijit clair ; il y avait des étoiles. On
pouvait voir un homme à une distance de 150 ou 160 pieds.
Par M. Carter. — Je me suis rendu à la porte avant que la
chandelle fût allumée. Après que le coup qui a défoncé la porte
eût été donné, je n'ai pas employé plus d'une minute pour me
rendre à la porte. Arrivé à la porte, j'ai mis la tête dehors pour
voir. C'est pendant que je fermais la porte qu'on m'a demandé
une chandelle. La personne qui s'est nommée Connolly parais-
sait contrefaire sa voix. Je refusai de donner une chandelle ;
alors, j'ai remarqué que la personne qui me l'avait demandée s'en
allait. Le pont n'est pas entourré ; il y a des gardes-fous. Du
perron de la porte de derrière, des bâtisses et une clôture de 12
pieds, empêchent de voir le pont ; mais on peut voir le moulin qui
se trouve au côté. Je crois qu'il était minuit moins un quart
quand Girard est arrivé.
DENISE DANSEREAU.~(Ce témoin est appelé pour la se-
conde fois). Les cris paraissaient venir de dessus le pont. Lors-
que Louis St Germain est allé à la porte de derrière, je suis allée
avec lui.
Par M. Carter — .Lorsque la porte eût été enfoncée, j'ai enten-
du la voix d'une personne qui voulait entrer. Cette personne
contrefaisait sa voix. Je ne l'ai pas reconnue.
MICHEL GIRARD.-^Je demeuraisà St. HyacintJie le 2 avril
18
pirocÈs
•««iJX
'.*î
dernier. Ce jour là, j*ai passé la veillée chez M. Thomas Marches-
sault. Pendant que j'étais à parler avec deux autres personnes,
des cris ont été entendus. On a ouvert k porte. J'ai alors en-
tendu les aboiements d'un chien et je crois que c'étaient les aboie-
ments de mon chien. 11 passait minuit, quand je suis sorti de
chez Marchessault pour retourner chez moi. Chez moi, on m'a
raconté ce qui s'y était passé. J'ai été surpris de voir que ma
porte avait été défoncée. — Le 8 avril, après la messe, je parlais
avec quelqu'un, à ma porte, lorsque je vis passer Beauregard. Je
l'arrêtai et je lui dis que ma porte avait été enfoncée la veille et
que je ne pensais pas avoir des ennemis assez méchants pour le
faire. Beauregard me répondit que ce ne devait pas être des gens
sobres qui avaient fait le coup. " Quant à moi, ajouta-t-il, je pense
que ce sont des personnes ivres qui ont commis cette faute." Le
lundi, il y avait encan chez Mme. Dumaine qui demeure de l'au-
tre côté ae la rivière ; je m'y rendis et de là j'allai voir le prison-
nier chez lui, pour lui demander cinq piastres et trente sous qu'il
me devait. Le prisonnier me dit que, dans le moment, il ne pou-
vait me rembourser cette somme, son intention étant d'acheter
une licence pour vendre des boissons fortes. Il me dit aussi qu'il
avait juste la somme nécessaire à cet achat, qu'elle lui avait
été prêtée par un ami, et qu'il me payerait ce qu'il me devait dès
qu'il aurait gagné un peu d'argent.
Par M. Druramond.-La distance entre ma demeure et celle de
Marchessault est de 6 à 7 arpents. — Entre nos deux maisons, il y
.aune dfa/ne.— C'est en arrivant, la nuit, que j'ai trouvé la porte de
ma maison enfoncée ; aucun châssis n'avait été brisé. Je parlai de
cet incident à St. Germain qui me dit qu'une personne s'appelant
Connolly était venue demander une chandelle, mais il ne pensait
pas que c'était lui qui avait enfoncé la porte. — Je ne fus pas
étonné en entendant le prisonnier me dire que c'était probable-
ment des personnes ivres qui avaient enfoncé la porte de ma
maison. Lorsque Beauregard me dit cela, je pense que M. St.
Germ:iin, père, et quelques autres, étaient avec moi.
J. B. CHARROM. — Je demeure à St. Hyacinthe à un demi ar-
pent du pont. Le 2 avril, au soir, j'étais chez moi ; je jouais aux
cartes avt'c ma femme et mon neveu. Vers dix ou onze heu-
res, jVntvMuîis au dehors deux ou trois cris ; je demandai à ma
femme si le fi'U était en ville ou si quelqu'un se battait. Je suis
sorti et j'ai entendu deux forts cris " au meurtre ! au meurtre !
Mon voisin étant aussi sur sîx porte, je lui demandai ce que c'é-
tait ; il me répondit que l'on se battait. J'aurais désiré aller voir
ce qui se passait, m lis j'ét.iis nu-pieds. Nous reprîmes notre par-
tie de cartes interrompue. Les cris que j'avais entendus venaient
dans la direction du pont Biron. Je n'ai pas reconnu la voix de
celui qui a crié.
Par M. Carter. — Mon neveu s'appelle Xavier Charron. 11 s'est
écoulé 2 ou 3 minutes entre chaque cri. La distance de chez moi
au bout dii poiit est d'environ 4 cil ô arpents.
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NOËL LUSSIER.— Je demeure à St. Charles. Le 9 avril der-
ier, je suis allé à St. Hyacinthe où j'appris en arrivant que Char-
on était disparu. D'après les informations que j'avais prises, je
e rendis avec le chef de police Page à l'hôtel Guertin où je fis
enir le prisonnier et où nous mangeâmes un steak aux hui-
res. Je demandai à Beauregard ce qu'il avait fait de Charron :
Il me répondit qu'il ne l'avait pas vu depuis qu'il avait mangé
^vec lui dans ce même hôtel. Je lui demandai alors s'il était
%oûî ce soir là, car la police m'avait dit l'avoir rencontré avec
Charron, après qu'il eût mangé avec lui dans l'hôtel. Le prison-
jiier me répondit qu'il n'avait pas été ivre lorsqu'il s'était trouvé
|ivec Charron. Je lui dis alors quïl n'avait pas dit la vérité, car
tn homme de police m'avait dit l'avoir rencontré avec Charron,
vers les dix heures, bras dessus bras dessous, et que je ne pen-
jsais pas que Fontaine m'eût conté des mensonges. Le prison-
* ier continua à nier ce que je lui disais. Je fis alors entrer Fon-
aine qui dit au prisonnier qu'il l'avait rencontré avec Charron se
irigeant tous deux vers le pont, et que quand, lui. Fontaine,
jp,vait demandé au prisonnier où il allût, ce dernier n'avait rien
épondu. Je dis alors au prisonnier : " Voyons, Beauregard, qu'as-
u fait de Charron ?" Le lendemain de cet entretien avec le pri-
onnier, je visitai le pont Biron, et je m'aperçus qu'il y avait, entre
la 2me et la 3me arcade, 5 ou 5^ pieds d'eau. Lorsque l'eau est
haute, il y a là un fort rapide. En descendant le courant, on
trouve une dame en bas du pont. L'eau passait sur cette ciame
Il une hauteur de deux pieds et demi environ. Je me suis rendu
compte du fil de l'eau en jetant un morceau de bois entre la 2me
et la 3me arcade du pont ; le morceau de bois a gagné le large
du côté du sud. Le corps du défunt, lancé du pont, pouvait fort
bien aller en pleine rivière jusque chez M. Cadoret. Un peu avant
que le cadavre fut retrouvé, on avait ouvert les pelles du moulin
qui se trouve au-dessus du pont, afin de faire lever le corps, que
l'on croyait dans les rapides.
Par M. Drummond. — Le prisonnier m'a dit qu'il n'avait pas vu
Charron depuis qu'ils avaient mangé des huîtres ensemble, chez
Guertin, vers huit heures, le soir. — J'ai commencé à saîner pour
trouver le corps de Charron le 10 avril, et j'ai continué les jours
suivants.
GEORGE FRED. AUSTIN.— Arpenteur.— J'étais à St. Hya-
cinthe le 2 avril dernier. — Je connais bien la rivière dans les envi-
rons du pont Biron, j'en ai même dressé deux plans. La disttmce;
de la rue Cascade au côté Sud, est d'environ 800 pieds. Le pont,
est en bois, lia hauteur du pont, à partir de l'eau, est d'environ
onze pieds; sa largeur est de 22 pieds. — J'étais à St. Hyacinthe,
lorsqu'on a fait des recherches pour retrouver Charron. — Depuis
le jour du meurtre, on a posé un nouveau portage au pont; à part
cela, il est le même. 5Si on laissait passer l'eau entre la seconde
et la troisième arcade, le courant pourrait certainement entraîner
un cadav*'e jusque chea Cadoçet. ,
20
PROCÈS
Par M. Carter. — Je ne pense pas qu'un homme puinse passer
à travers les gardes-corps, en traversant le pont Biron. Sur ce
pont, il y a des madriers, qui sont plus longs les uns que les au-
tres; il y a deux endroits où les madriers ne vont pas jusqu'au
garde-corps. Au meilleur de ma connaissance, je «uis passé, le 2
avril, sur ce pont, vers onze heures moins dix ; j'ai rencontré un
homme qui allait du côté nord de la rivière ; il était près de la hui-
tième arcade, à compter du côté sud.
Par M. Johnson. — Je ne puis pas dire quel était cet homme,
mais j'ai pensé que c'était le prisonnier. J'étais avec ma femme;
elle en a eu peur; elle trouvait qu'il avait mauvaise mine.
J' Par la Cour. — Les trous dont j'ai parlé, qui sont formés par
les madriers qui ne vont pas just^u'au garde-corps, ne sont pas
assez grands pour qu'un homme puisse passer à travers.
JEAN TURCOTTE— Je suis meunier au moulin de M. Des-
saulles. — Le jour que le corps a été trouvé, j'avais ouvert les peU
les, pour faire échapper l'eau ; je pense que c'est cela qui a eu
l'effet de faire lever le corps. Une personne tombée à l'eau sous
la 8me arcade, aurait été conduite, là où on a trouvé Charron.
MADAMhi DESMARAI^. (Rosalie Tétreau).— Je suis restée
13 jours à St. , Hyaeïnthe, chez Ducharme, aubergiste, vers le 2
avril. .J'ai vu le prisonnier chez Ducharme, le lundi matin quia
suivi le 2 avril. Ce jour-là, le 2 avril, j'ai vu Beauregard deman-
der de la boisson à crédit à M. Ducharme. Il a dit à ce dernier
qu'il aurait de l'argent pour le payer, le jour même, d'une person-
ne qui en avait beaucoup ; qu'il eu aurait même pour avoir sa
licence. Le soir de ce jour-là, j'ai remarqué que le prisonnier
avait une petite corde au poignet, tenant à quelque chose qu'il
avait dans son surtout. Le lundi matin, il est revenu demander
de la boisson, disant que cette fois il avait de l'argent, pour la
payer, et même pour payer sa licence ; et il a fait venir une traite
de huit verres. — Il y avait là un M. Guertin. — Le prisonnier lui
a dit : " Je t'ai rencontré samedi sur le pont, à onze heures ; m'as-
tu reconnu?" Guertin a répondu : " Peut-être." Le prisonnier a
repris : " As-tu été pogné sur le pont, et est-ce toi qui a crié au
meurtre ?" Guertin a répliqué : " J'ai été pogné un autre jour,
mais non pas samedi" Beauregard a ajouté : "Comme je reve-
nais sur le pont, rendu au bout, du côté de la ville, je crois avoir
entendu crier au meurtre ; ce sont peutrêtre mes oreilles qui ont
fait cela."
Par M. Drùmmond. — La conversation que j'ai rapportée plus
haut, a eu lieu vers huit heures et demie, le lundi matin. Dans
ce moment, Guertin était en train.
SARSFIELD N. NAG LE.— J'étais à St. Hyacinthe, dana
une maison située au bout du pont, au Sud, le 2 avril dernier. —
Entre dix et onze heures du soir, je suis sorti de la maison ; j'ai
entendu des cris venant du pont ; j'ai regardé et j'ai aperçu un
objet que je n'ai pu distinguer ; le bruit que j'ai entendu m'a
fUi croire qu'il y avait un^ voiture auplusierrs personnes^ sur le
BEAVRBOÂRD.
SI
e puisgo passer
Biron. Sur c«
ma que les au-
t pas jusqu'au
suis passé, le 2
li rencontré un
près de la hui-
it cet homme,
Bc ma femme ;
e mine,
nt formés par
J, ne sont pas
avers.
lin de M. Des-
)uvert les pel.
cela qui a eu
c à Teau sous
j Charron.
Je suis restée
ste, vers le 2
ii matin qui a
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à ce dernier
l'une person-
ne ur avoir sa
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e chose qu'il
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prisonnier a
iui a crié au
autre jour,
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8 crois avoir
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►portée plus
atin. Dans
inthe, dans
l dernier. —
naison ; j'ai
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ntendu m'a
nnes^ sur le
ont. — Ces cris me paraissaient venir d'une personne en dé-
rease. Lorsque j'ai été sur le pont, Tobjet en question gagnait
u côté de la ville. — Le lendemain matin, dimanche, j'ai vu, vers 4
eures, le prisonnier à. l'autre bout du pont, tenant quelque cho-
ie. Une heure phis tard, j'ai encore vu Bcauregard, vers le mi-
ieu du pont. — L'objet qu'il tenait dans la main pouvait être un
4rusil.
F. X. CHARRON— J'étais chez mon oncle, à St Hyacinthe,
Jje soir du 2 avril dernier. Nous étions à jouer aux cartes. Entre
^ix et onze heures, j'ai entendu trois cris; nous sommes sortis,
et j'ai entendu crier deux fois : mi meurtre ! au meurtre ! ces cris
«yenaient du pont, du côte du village. — Le lendemain qui était
lin dimanche, je suis allé vers l'endroit d'où étaient venus les cris.
J'ai vu une tache de sang sur le petit pont, celui qui communi-
jque du pont Biron au moulin de M. Dessaulles.
. Par M. Drummond. — La tache de sang que j'ai vue était
plutôt près du pont Biron, que près du moulin. — Je n'ai pas vu
pe san^ sur le grand pont.
JULIEN MIMËAU. — Ma maison est située sur la rue Casca-
de et fait face au pont. — J'étais chez moi, dans la soirée du 2
pvril, et jo me suis couché vers 10 heures. Le dimanche, 8 avril,
je suis sorti de ma chambre vers 5 heures du matin. — Je me
fiuis rendu à ma porte de sortie. — J'ai aperçu Beauregardaucoin
du pont ; quand il m'a vu, il s'est mis à marcher allant à peu
prèsjusqu'aux trofs quarts du pont et revenant ensuite. — Il a fait
trois voyages comme cela en regardant sur le pont et à côlé
du pont ; une fois il s'est penché pour voir en bas du pont.
Dans ce temps, il faisait assez clair pour voir de l'autre côté de la
rivière. — Le prisonnier avait un fusil à la main. — Je ne sache
pas qu'il y ait du gibier dans cette partie de la rivière. — Le 8
avril, j'ai vu une tache de sang sur le pont Biron à la deu-
xième arcade à peu près. — \ la troisième? arcade, il y avait une
-barre du garde-corps qui était partie. C'est le 8, que j'ai fait
cette dernière remarque. Le dimanche matin, 3 avril, j'ai vu
aussi, après quatre heures, Lusignan aller sur le pont.
NARCISSE HOBITAILLE.— J'étais ù, St.Hyacinthe le 2 avril
dernier. — Pendant la veillée, je suis allé chez Guertin et chez
Laflamme. Il était 9h. moins 15m. quand je suis allé chez La-
flamme avec M.Guitté, propriétaire du Courrier de St. Hyacinthe,
Il était ll^h. quand je suis parti de chez Laflamme. J'y ai vu le pri-
sonnier et Charron. Je ne les ai pas observés particulièrement ;
vers 9h. ils étaient tous deux dans la barre. Je ne sais pas
quand ils sont partis. Je ne pense pas qu'ils fussent encore
chez Laflamme quand je suis parti à ll^h.; au moins, je ne les ai
pas aperçus. — Je les ai vus plusieurs fois durant la veillée, pen-
dant que j'étais là. — Je ne les ai pas vu boire.
Par M. Carter. — J'ignore à quelle heure ils sont entrés et s'ils
sont entrés ensemble,-T-Je ne les ai pas vus chez Guertin — Je
GQnoais Félix Fontaine, homme de police et témoin déjà en-
22
C f^À
PROCÈS
« r..
tendu. — Je ne pourrais dire quel est le caractère de cet
homme.
JOSEPH CHATEL.— Je demeurais à St. Hyacinthe, le 2
avril dernier. — Le dimanche matin, 8 avril, je passais sur le pont
Birun, et j'ai été surpria de voir du sang sur le pont, ù 90 pieds
do rembarquement près de la troisième arcade. Le sang était
frais; j'étais seul et jem\>n allais alors à Téglise pour la
basse messe. Le sang était répandu par placards de distance
en distance. J'ai vu une pierre ronde, grosse comme le poing,
prés de ce sang. En voyant cette pierre, j'ai pensé que le meur-
tre avait été commis avec cette pierre.
Par M. Carter. — Il était bien facile aux personnes qui
passaient sur le pont de voir ce sang. Au bout de huit jours, le
sang était efface. — J'ai vu ce sang tout le jour dont j'ai parlé.
NELSON HUGUES.— Je suis de St. Hyacinthe et je connais
le prisonnier. Le 2 avril dernier, je passais sur le Pont Biron
avec un nommé Simard ; le prisonnier nous rejoignit et comme
on parlait d'un irlandais qui avait été pris par la police, la veille,
le prisonnier a tiré une garcette de'sa poche, et en donnant un
coup sur le pont, il dit : " S'il en venait un pour me prendre je lui
ferais ça." — Cette garcette était formée d'un bout de câble au bout
duquel il y avait quelque chose de dur et qui frappait bien fort.
, FABIEN MIME AU— est de nouveau appelé dans la boîte des
témoins.
Par M. Drummond. — J'avais oublié de dire, à propos des trois
voyages que le prisonnier a faits sur le pont Biron, qu'il était
allé sur le petit pont qui communique du grand pont au moulin
et qu'il s'y était arrêté à peu près une minute et demie, près de
l'endroit où j'ai remarqué cette tache de sang, le mardi 5 avril
dernier.
DENISE DANSEREAU— est rappelée.
Par M. Carter. — J'ai mis 7 ou 8 minutes pour n7e rendre de ma
chambre à la porte lorsque celle-ci a été défoncée. Je m'en suis
allée ensuite, dans la salle à diner qui est sur le derrière de la
maison.
JOSEPH LUSIGNAN. — Je suis en ce moment prisonnier à
Montréal. Je demeurais à St. Hyacinthe, le 2 avril dernier. Je
connaissais le prisonnier depuis une dizaine d'années. Le jour en
question, j'ai vu le prisonnier plusieurs fois ; entr'autres, sur le
marché de St. Hyacinthe vers 2 h. après raidi. — Je suis alléchez
Laflamme, dans la veillée vers dix heures ; avant d'y aller je n'a-
vais pas pa''lé au prisonnier. Quand je suis entré chez Lnflamme
il y avait là MM. Paillon, Maurice, Robitaille, L'heureux, Civa-
lier, Quitté, Soly, Charron et le prisonnier, On a éteint la chan-
delle deux ou trois fois. J'ai vu le prisonnier tenant Charron par
le bras ; il voulait l'amener coucher chez lui ; une couple de lois
le prisonnier a dit au témoin : " Viens chez moi, tu seras bien."
Ite^prjfwnnier aj»US8,ijlemandé..â. Charroa de .r<urgeût à-emproin-
tér/disant que c'était pour payer sa licence; il s'est retourné vers
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stourné vers
moi en disant : " De l'argent, de force ou autrement, j'en aurai
toujours ban ;" Il m'a demandé 30 sous et je lui ai dit que je n'en
avais pas. Alors il a demandé ù Charron : " Qui paie la traite
de nous deux ?" I^e défunt a dit : " C est moi," et il a tiré un 30
sous de sa p^tche. M. liuflamme a amené 4 verres, un pour moi,
un pour M. Civalier, un pour Charron et un pour le prisonnier.
J'ai remarqué que Beaurcgard portjiit une garcslte; il nous la
montra en disant : " C'est avec cela que je mouche " les hommes.
Alors je suis sorti de chez Latlamme par la porte de cour, et je
me suis rendu vis-à-vis de chez M. Barnes, à un arpent de chez
Laflamme, dans la direction opposée au pont Biron. Ensuite, je
suis retourné sur mes pas dans la rue Cascade, et j'ai passé de-
vant chez Laflamme. J'ai vu Beauregard et Charron allant du
côté du pont ; je lus ai suivis à 50 pieds de distance. Le prisonnier
tenait Charron par le bras gauche ; vis-à-vis la maison de feu M.
Brunelle, Charron est tombé; le prisonnier l'a relevé brusque-
ment. Ensuite, ils ont pris le pont, allant du côté du sud. J'ai tra-
versé le petit pont '>t je me suis accoté sur le moulin de M. Des-
saulles. Vers la deuxième ou la troisième arcade, je les ai vus
s'arrêter; le prisonnier a levé la main sur Charron ; alors Char-
ron a crié : " Tue moi pjis ! Tue moi pas !" et il a écrasé. Dans
ce n» ornent, j'ai entendu un chien japper près d'eux. J'ai traversé
le pont et je me suis accoté sur la maison de feu M. Brunelle.
J'ai vu le prisonnier peser sur Charron, pendant environ 2 minu-
tes, le prendre et le jeter à l'eau. Le prisonnier est alors venu
vers moi et il m'a reconna. Il m'a dit: '• Est-ce toi, Lusignan?*
" Oui," ai-je répondu, " bien que trop pour ton malheur," " îSi tu
as le malheur d'en parler " m'a dit le prisonnier, "je t'en ferai au-
tant.'* Il m'a dit cela 3 ou 4 fois. J'ai dit au prisonnier : " Beau-
regard, je ne te déclarerai pas." Alors il me dit : '• Si je ne te
connaissais pas pour un homme pas bavard, je ne te laisserais
pas." Nous avons ensuite marché un bout ensemble, le prison-
nier et moi. Beauregard m'a donné dix chelins en 30 sous. Je ne
voulais pas prendre ces 30 sous, mais le prisonnier m'a dit : " Si
tu ne les prends pas, tu mourras comme je viens de faire." J'ai
pris son argent par crainte. Arrivés à la maison de (^adoret, nous
nous sommes séparés et je n'ai ptis vu quelle direction a prise le
prisonnier ; je ne l'ai revu que le lendemain, vers six heures et
demie, à la maison de M. Uogue. J'ai demandé à la fille de me
verser un coup, et j'en ai offert un au prisonnier. Nous avons
pris un coup ensemble ; c'est moi qui ai payé. Nous étions pour
sortir de l'auberge, mais Beauregard m'a retenu par le brus et
m*a montré des rouleaux d'argent. Parmi cet ar/jfent, j"ai vu un
dix piastres en or. Il m'a semblé que le prisonnier avait £20 ou
25 ; il médit: "J'en ai de reste pour payer ma licence, s'ils me
l'accordent." Puis, nous nous sommes laissés. Le mardi ou le
mercredi de la semaine suivante, j'ai rencontré le prisonnier chez
un M. Benoit; il me dit: "Fuis le mort, ou bien lu mourras "et
je œ l'ai plus revu qu*au bout de huit jours, quand il a été pris.
ft
A.
^ai dénoncé le prisonnier quand M. Délisle est venu à St. Hya-
cinthe. Quelques jours avant le 2 avril, Beauregard m'avait dit
qu'il avait loué une maison pour tenir une auberge, ajoutant:
"J'ai payé un gros prix ; j'ai besoin de caresser quelques grosse»
bourses." il me dit qu'il en connuissmt plusieurs.
-^' Par M. Carter. — Dans le mois dWril, je demeurais sur la rue
Cascade, trois ou quatre arpents plus bas que chez Laâamm«.
Quand je suis allé chez Laflamme le 2 avril, j'arrivais de chez
MoDsaette le charretier où je m'étais rendu en sortant de chez
moi. Il pouvait être dix heures quand je suis entré chez Laflam-
me. On se chicanait dans cette maison. J'y suis resté environ
une heure. C'ost Félix Robitaille qui a éteint la chandelle. ( On
demande au témoin s'il n'a pas dit devant le coroner qu'il ne savait
pas qui avait éteint la chandelle, et il répond, non. La déposi-
tion prise devant le coroner est produite, et il y est dit que le té-
moin ne sait pas qui avait éteint la chandelle.) Vous dites, main-
tenant que c'est Robitaille qui éteignit la chandelle, et que Mau-
rice l'a allumée ; n'avez vous pas dit dans votre déposition prise
devant le coroner: "Maurice éteignit la chandelle et les autres
' furent éteintes, sans que je puisse dire par qui 1"— Je pense avoir
déclaré cela. C'est après que les t'handeïles furent éteintes que
la traite dont j'ai parlé a été prise* Avant de m'avancer pour
prendre cette traite, j'étais dans la salle. Autant que je puis me
rappeler, on n'a pris alors 4u'une traite de 4 verres. II n'y avait
pas d'autres personnes dans la barre que celle qui ont bu. Je
n'avais pas parlé de cette traite dans ma déposition. (On lit cette
partie de la déposition du témoin donnée devant le coroner : " La
traite fut bue par Beauregard, Civulier, Charron, une personne
dont je ne me rappelle pas le nom, et moi. Nous avons bu du
, Whiskey.") Quand je suis sorti de chez Laflamme allant dan»
une direction opposée au pont, j'ai marché à peu près une demi-
arpent. ,Te suis ensuite revenu sur mes pas. (On lit cette partie
de la déposition du témoin devant le coroner: " Je suis allé dans
la direction de ma demeure à un arpent ou un arpent et demi ;
ma maison est dans une direction opposée au pont.") Quand j'ai
vu Charron et le prisonnier, ils étaient devant la maison de Bel-
humeur. Le prisonnier tenait le bras droit ie Charron avec son
bras gauche. J'étais du côté dumoulin de M. Dessaulles, quand
le prisonnier et Charron ont pris le pont. (On lit cette partie de
la déposition devant le coroner : " En arrivant au pont, Beaure-
gard conduisait Charron du côté sud; je pris alors une place sur
l'embarquement du pont ; j'étais appuyé sur les gardes-corps^
ayant le pied gaucho sur le grand pont et le pied droit sur le pe-
tit pont.") Je ne puis pas dire dans quelle position éttiit Charron
quMud il a écrasé. (On lit cette partie de la déposition du témoin :
"Au premier coup que reçut Char, on, il tomba la face contre
terre, et je crois qu'il était dans cette position quand il reçut le
eecond coup.") Quand j'ai changé de place, je suis allé près de la
ioaaisôn de Girturd, Bdè tenant sar-ie parapet Je me trouais i
àSt. Hya-
m'avait cUt
ajoutant:
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3 Hur la rue
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face contre
d il reçut le
é près de la
trouvais à
une quinzaine de pieds du pont, et j'observais le prisonnier. H^
avait eu une galerie à la. maison de Girard, mais il n'y en avait
plus; il n'y avait que quelques barreaux. Je ne sais pas de quelle
manière le prisonnier a pris Charron pour le jeter à Teau. Après
que le prisonnier fut revenu de sur le pont, nous avons marché
ensemble jusque chez Cadoret; j'ai continué ensuite sur la rue
Casc^e jusque chez moi. Quand j'eus quitté le prisonnier je ne
me suis pas retourné en arrière et je ne sais pas si le prisonnier
est resté sur la rue Cascade, ou s'il est allé ailleurs. Je n'ai pas
parlé à Beauregard avant ce jour-là. Si j'avais crié, lorsque Beau-
regard était sur le pont, il était assez smart pour me rejoindre.
Les personnes qui se trouvaient dans la maison voisine dormaient
alors ; et je n'aurais pas pu appeler leur secours sans y aller co-
gner^ et j'avais peur de le faire. Je n'aurais pas pu me rendre en
ville pour avertir la police ; j'aurais été obligé d'aller assez loin
pour la chercher, malgré que le pont se trouve assez près. Je
pense que le prisonnier, dans le moment où il faisait ce mauvais
coup, avait un œil sur moi il me voyait, et si je ra'étjiis sauvé
en criant au secours, j'étais sûr de mourir, car Beauregard m'au-
rait tué. La police se trouve à deux arpents de chez Laflamme.
Je ne puis pas dire combien de temps j'aurais mis à courir de
là à la police. Je restai près du pont lorsque le prisonnier me
regarda, malgré la crainte que j'avais de lui. Je cmignais qu'en
Le suivant pas Beauregard qui est traître, il arrivât quelque
chose à Charron qui était mon ami. Oui, je craignais, et,
c'est pourquoi je n'ai pas parlé de cette affaire ; si je l'avais dé-
claré, je ne serais pas témoin ici, aujourd'hui. C'est huit jours
après la scène dont j'ai été témoin, que beauregard a été pris.
Une enquête a eu lieu devant les magistrats, et malgré que Beau-
regar»' .'•it alors en prison, je n'osais pas en parler, car je savais
que le prisonnier ades associés, mais je ne les connais pas. Ma
femme avait reçu un subpœna pour moi, je travaillais alors
au troisième rang, chez un nommé Laperle. Je suis revenu chez
moi, le soir et je vis Vordre. Je ne me suis pas rendu devant les
jug:i de pai.v ; la cour était finie. Je reçu» deux subpœna et lors-
que je reçus le dernier par Félix Fontaine, homme de police, je
revins avec lui à St. Hyacinthe. J'ai paru devant M. Dflisle, et,
là j'ai donné une déposition ; j'en ai donné une aussi devant le
coroner. Le soir du 2 avril ,j'ai été coucher chez moi; je ne sais
pas l'heure à laquelle je suis arrivé. Lorsque je suis allé chez
Ducharme, le dimanche matin, il était 6 h. ou 6^ h. le prisonnier
était là seul, assis sur un banc. La seule autre personne que j'aie
vue était une jeune demoiselle qui est venue nous servir. Je ne
suis resté qu'à peu près un quart d'heure dans l'hôiel ; j'en suis
parti seul, y laissant le prisonnier que je n'ai pas revr cejour-là.
Dès que nous ei\mes pris nos verres, la jeune fille nous a quittés.
Lorsque j'ai éié demandé la première fois pour donner une
déposition, je ne l'ai pas fait aussi longuement qu'ici, parce que
j'étais malade daus ce moment là. Jo ne puis pae dix» de quelle
If
PROCÈS
«
maladie j'étais indisposé ; je ne croîs pas d'ailleurs quMI soit né-
cessaire de le dire. Ce que j*ai déclaré devant le coroner et les
magistrats est la même chose que ma présente déposition. J'é-
tais malade alors, mais j'avais bonne mémoire. (La déposition
donnée devant M. Delisle, est produite par la défens'ï. M. Delisle
déclare, sous serment, que cette déposition est la même que celle
qu'il a reçue du témoin. M. Delisle remarque aussi que le té-
moin semblait hésiter quand il a donné sa déposition devant le
Juge de Paix, mais comme il (M. Delisle) voyait que le témoin
en savait plus long, il l'a alors renvoyé devant le Coroner.
Par M. Carter.-Lorsque je suis allé chez Ducharme, le diman-
che matin, le prisonnier m'a montré de l'argent et il ne m'a rien
dit que ce que j'ai rapporté. (On lit la déposition du témoin don-
née devant le magistrat : " En rencontrant Beauregard chez La-
flamme où il était avec Charron et quelques autres, le prisonnier
m'a dit : " J'aurai l'argent de Charron ; s'il ne veut pas m*em
donner, j'ai unegarcette et j'en aurai bien alors.") Le lendemain,
j'ai revu le prisonnier chez Ducharme ; il m'a dit; "j'ai mainte-
nant de l'argent pour ma licence ; j'îii volé Charron hier, sur le
pont Biron ; je lui ai pris son argent et sa montre ; mais ayant
vu venir des hommes au service de M. Nagle, j'ai jeté le corps
de Charron à l'eau." Il me montm la montre de «Jharron, qui
était en argent, sans couvercle. Il me dit aussi qu'il avait un bil-
let qu'il avait brûlé, car il n'aurait pu lui servir. Je ne suis pas
certain si le prisonnier m'a dit que la montre qu'il avait, était
celle de Charron. Je n'ai jamais dit à un nommé Lucas qui se
trouve en prison, que j'aimais à y rester, vu que je gagnais qua-
tre chelins par jour, comme témoin contre le prisonnier. Lucas
m'a dit ; " moi je gagne tant, " et j'ai répondu, " moi aussi." De-
puis que je suis en prison, personne ne m'a parlé de cette affaire,
ni lu aucune déposition à ce sujet. Aucun autre témoin n'était
renfermé avec moi, dans la prison. Je n'ai dit à personne que si
je disais telle et telle chose, je serais pendu, d'autant plus que je
savais bien que mon crime n'était pas assez grand pour que je
sois pendu. On ne m'a promis ni pardon, ni argent, pour ma fa-
mille, pendant que je serais en p ison. Je n'espère pas en rece-
voir ; si toutefois j'en recevais, je le prendrais ; mais j'aimerais
mieux m'en aller que de recevoir de l'argent. Je ne me rappelle
pas avoir vu un nommé Brisson en prison ; il en entre tant qu'il
n'est pas facile de savoir leurs noms à tous.
LUCIE BEAUREGARD.— Le 2 avril dernier, je demeurais à
St. Hyacinthe. — Je suis la fille du prisonnier. — Je restais chez
mon père. — Lorsque j»^ me suis couchée, il était de dix heures à
dix heures et demie. Mon père n'était pas à la maison. — Mon
père avait un bout de câble qu'il suspendait à la tête de son lit.
Ma mère a brûlé ce bout de câble après l'arrestation de mon père.
Par M. Carter. — Le lendemain du 2 avnl, dimanche, j'ai vu le
bout de câble pendu à la même plaee. Je pense qu'il n'y avait
t»ag de sang deswiB. ;;
iMl soit né-
•oner et les
dtion. J'é-
dépositîon
M. Delisle
le que celle
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n devant le
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hier, sur le
mais ayant
té le corps
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k^ait un bil-
ne suis pas
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icas qui se
ignais qua-
lier. Lucas
Lussi." De-
îtte affîiire,
loin n'était
une que si
)lus que je
our que je
our ma fa-
is en rece-
j^aimerais
î rappelle
tant qu'il
imeurais à
estais chez
: heures à
on. — Mon
de son lit.
mon père.
, j*ai vu le
n'y avait
BEAURE6ARD. 27
Par la cour, — Je n*aî pas connaissance que mon père soit venu
chez nous cette nuit là. Je couchais en haut et mou père en
bas. Mon pèr^ pouvait arriver sans que j'en eus connaissance.
PIERRliî LAFLAMME.— Je suis aubergiste à St Hyacinthe.
Le 2 avril dernier, j'avais, Je soir, beaucoup de monde chez moi. Je
n'ai aperçu le prisonoier dans ma maison, que vers dix ou onze
heures. J'ai vu aussi Charron chez moi, ce soir là. Autant que je
puis me rappeler, je crois qu il était près de 9 h, quanci Charron est
parti de chez moi. Il s'en allait alors chez Guertin avec Maurice
et quelques autres.
Par M. Drummond. — ^Entre 10 et 11 heures, le prisonnier n'est
resté qu'un instant chez moi. Il était entré avec Page et Fontai-
ne. Je ne me rappelle pas lui avoir rien servi avant ce moment-
là. Il y avait chez moi, ce soir là, MM. Delfosse, Préfontaine,
Marchessault, Maurice, Quitté et quelques autres dont je ne me
rappelle pas les noms.
LOUIS SCOTT.— Je veillais à St. Hyacinthe chez M. Gervai«,
le 2 avril dernier ; après la veillée, je suis allé me coucher chez
M. Laflamme; je suis arrivé là à 10 h. J'ai vu arriver le prison-
nier, avec Page et Fontaine, vers dix heures et quart.
Par M. Drummond. — Je me suis couché vers dix hei^res et d&.
mie, et à cette heure, le prisonnier était encore chez Laflamme.
PHILOMENE MONETTE.— Je restais chez M. Laflamme,
le 2 avril dernier, j'y étais ce soir là et j'y ai vu le défunt verç
onze heu rets
PHILOMENE LAFLAMME.— Je restais chez M. IMamme,
mon frère, le 2 avril dernier ; Je connaissais Charron. Je ne m^
rappelle pas l'avoir vu, chez mon frère, ce soir là.
DR. BEAUBIEN. — Je demeure à Montréal. Le 5 mai der-
nier, j'ai été prié par le Coroner Jones, de me rendre à St.
Hyacinthe, oti je suis arrivé après cinq heures de l'après-midi.
On me conduisit de suite au côté nord de la rivière, prés de la
maison d'un nommé Cadoret J'y aperçus un cadavre gisant
dans l'eau. Il ét^iit couvert d'eau, mais on avait jeté quelque
chose dessus. Je demandai qu'on le sortit de là : on le décou-
vrit. J'aperçus alors qu'il avait la tète un peu en bas, tournée
vers l'ouest, et penchée sur la poitrine ; les bras un peu fléchis,
portés en avant du tronc, se trouvant en contact. — La fï\ce ^tait
couverte de vase un peu gluante, formant une espèce d'enve-
loppe sur la figure, ce qui empêchait d'en distinguer les traits.
Je lavai la figure. — L'officier public fit reconnaître le corps, com-
me étant celui du nommé Anselme Charron. Il avait une con-
tusion à la racine du nez, au bas du front. L'épiderme du front
s'enlevait avec facilité. Il y avait sur le menton une blessufo
péaétrant jusqu'à l'os. Les bords de cette plaie étaient inégaux,
formés en zig-zag, couverts de caillots de sang. — Alors, les pro-
cédés furent suspendus jusqu'au lendemain matin, où ils furent
continués chez un nommé Lussier, en la ville de St. Hyacinthe. —
Le lendemain, je procédai devant le juge.— 'Le corps fut désba*
i6
PROCES
■'.r iï»
11
bilIé. Je trouvai la cravate tachée de nangf, surtout dans ]en plîs
intérieurs. — Lji figure était duns son étxit nature], mais il y avait
un peu de gonflement. Les yeux étaient bien fermés, sans proé-
minence. La bouche était aussi fermée. — J'ai commencé par
nettoyer la face complètement ; j'ai ensuite enlevé les che-
veux, ce qui fut d'autant plus facile qu'ils tenaient à peine.
La peau attachée aux cheveux et la face du cadavre était d'une
teinte livide, et un peu rougeâtre. — J'ai remarqué un enfonce-
ment derrière la tête, assez profond pour me faire croire que les
os avaient été blessés dans cette partie. — ^Une autre bles-
sure à peu prés semblable, se trouvait du côté gauche, au dessus
de l'oreille. Je me suis convaincu par la suite, que les os n'a-
vaient pas été touchés. J'ai tout bien examiné le corps, dnns
aa surface. Sur le bras droit, près de l'épaule, un peu en de-
dans et en avant, se présentait une longue tache bleuâtre ; une
autre tache, de même apparence, se présentait sur le même côté,
au dessous du creux de l'aisselle. A part cela, le corps ne pré-
sentait aucune lésion ou blessure quelconque ; seulement, les
Sarties sur lesquelles le corps avait reposé, étaient violacées,
'ai examiné les os, avec le plus grand soin, surtout ceux du crâ-
ne. Je fis une incision d'avant en arrière, et une autre d'une
oreille à l'autre. J'ai alors détaché la peau des chairs qui
tiennent â la tête ; elles étaient renversées. Je découvris une
longue et large effusion de sang qui partait d'au dessus et en
aval de l'ouverture externe de l'oreille du côté gauche, se diri-
géant en bas et en arriére, en gagnant la base du crâne. Elle
continuait du côté droit en changeant de direction, et venait
alors ascendante, se terminant en arriére, un peu au dessous
de l'ouverture extérieure de l'oreille du côté droit. Cfette
effusion avait à peu près un pouce et demi de largeur, et était,
dans toute son étendue, parsemée de petits caillots de sang.
Dans cette étendue , à part cette effusion, les chairs étaient com-
me imbibées de sang. Dans les tleux tempes, je découvris une
large effusion de chaque côté, pénétrant profondément dans les
chairs jusqu'à l'os. Ces deux meurtrissures étaient de même
nature que celles dont j'ai parlé d'abord. Les chairs étaient
bien plus broyées qu'elles ne l'étaient en arrière.
La contusion, à la racine du nez, ne présentait nucun caillot
de sang. Le sang était bien plus fluide, et par conséquent, plus
à l'état de décomposition, que celui dont je viens de parler. Le
crâne a été ensuite ouvert. Les v;àsseaux qui se sont présen-
tés, étaient remplis de sang coagulé. Cette enveloppe extérieu*
re, doublée aussi par la seconde enveloppe, a été ouverte
complètement par des coupures, telles que celles dont j'ai par-
lé pour la peau . La substance du cerveau encore couverte
d'un pli de la seconde enveloppe et de la troisième, m'of)rit
une apparence extérieure très congestionnée. En détnchant la
boite osseuse, deux déchirures mentionnées dans ma déposition,
ont été faites pendant l'opération. Le cerveau fut mis à décou-
ê
4
«
S'
1
&1.
BEAURAGABD.
fft
inn les plis
3 il y avait
sans proé-
nencé par
les che-
t à peine,
jtait d'une
n enfonce-
ire que les
litre bles-
au dessus
5H os n'a-
)rps, dans
BU en de-
lâtre; une
lême côté,
is ne pré-
iment, les
violacées,
ux du crâ-
tre d'une
îhairs qui
avris une
ms et en
s, se diri-
ne. Elle
et venait
i dessous
it. Cfette
et était,
de sang,
lent com-
avris une
dans les
de même
s étaient
m caillot
lent, plus
rier. Le
t présen-
extérieu»
ouverte
j'ai par-
couverte
, m'offrit
chant la
position,
à décou-
M.
0,
's
vert ; toute la surfice visible so montra extrêmement gorgée de,
sung. 1 .e cerveau a été si>ni de sa boîte. En le détacbint de
cette partie qui s'engage dans la conduite de l'échiné, il s'est
montré une certaine quantité de sang mélangée avec la siibstan-
ce cért-brale elle-même, ('ette substance du cerveau ne présen-
tait aucun épanchement ailleurs, mais ses vaisseaux étaient par-
tout remplis d'une grande quantité de sang, et surtout la partie
la pins externe. En outre, cette substance de la cervelle était très
Minolie ; surtout dans sa partie inférieure, elle était comme flui-
de. 11 n'y avait aucune fracture aux os du crâne. La racine du
nez où se trouvait cette Wesstire dont j'ai parlé, ne présentait
pas de fracture, non plus.
Je coupai la mâchoire inférieure des deux côtés, et je fis une
large ouverture à la jointure des deux côtés, en coupant le% o»
des deux épaules, les deux incisions allant jusqu'au bas delà
poitrine. — La langue était parfaitement saine. Le derrière des
fosses nasales, et le conduit qui va â l'estomac, étaient aussi
parfaitement sains. — La partie qui conduit à la respiration était
parfaitement saine dans toute son étendue, ne contenant pas
d'écume. Le tissu des poumons était parfiutement sain. Le
cœur était sain, présentant du côté droit, du sang caillé, asseî
bien fonné et mou. La partie gauche du cœur était en quelque
sorte vide, présentant un tout petit morceau de sang, légère-
ment coagulé. — Le poumon, dont je viens de parler, a été plon-
gé dans un sceau d'eau, îiccompagné du cœur et de la langue;
le tout flottait parfaitement. L'estomac était rempli do subs-
tances liquides et solides, c-à-d, de portions de viandes dont la
nature était peu changée ; il y avait aussi une odeur de liqueurs
fortes. Ce qu'on appelle Je velouté était noirâtre, ce qui indi-
quait que cette personne n'avait pas bu, cette fois-là, pour la
première fois — Du reste, cette partie était saine. Les entrailles
étaient à l'état de santé Le foie était un peu gorgé de sang, et
un peu plus développé que d'ordinaire, au moins chez la
généralité des hommes. — La vésicule du fiel n'était pas beau-
coup développée ; elle contenait cependant une certaine quan-
tité de bile liquide. La rate était saine aussi, ainsi que le pan-
chias, la vessie et les reins.
J'en suis venu â cette conclusion, que Hndividu dont j'ai exa-
miné le corps, ne s'est pas noyé, ou n'a pas été noyé ; il ne s'est
pas tué non plus en tombant dans l'eau, — la position des diflTè-
rentes blessures prouvent eet avancé, que cette individu est
mort après 1 infliction des blessures que j'ai eu l'honneur d'énu-
mérer iqull a succombé par une mort très prompte, causée par
une commotion du cerveau produite par des coups ; que les con-
tusions infligées sur la tête du défunt l'ont été par un Instiu-
ment arrondi ou obtus. Pour compléter ma pensée, l'individu
a du être saisi par les cheveux d'une main, et frappé de l'autre
sur le crfine. La cravate que l'on me produit est celle dont j'ai
parlé.— La température de l'eau oïl a été trouvé le corpa,
30
PROCis
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poiivnit le çonsçirer loTJ«Ttemps, — D*nf>rè« l'état lîti r^ifînvre^ Il
e.st ciitnin qirii ;; été eonst.uiUiit'iil immrrgé tlejiui.s le moment
où, il a été jéîé à Teiiu, jusqu'à celui uîi il;i é é retrouvé.
Par M. Chu reli.— Les symptômes qui indiquent la commo-
tion, varient beaucoup suivant la force de l'action. II y a des
commotions qui oeciisionnent la mort immédiate et qui produi»
sent wn broiement . Dans le cas actuel, il n y a pas eu de dé-
rangement ou trouble dans la substance cérébrale; il y a eu con-
gestion, comme je Tai dit. — Le» signes qui se présentent chez
l'individu survivant, sont ceux de l'inflammation et de l'irritation
du cerveau. Un individu perd connaissance, plus ou moins vite,
selon la force de la commotion. — Je suppose que l'individu perd
connaissance bien souvent dims ces cas-là. Si la personne en
meurt, il faut que la circulation s'arrête immédiatement. Dans
le cas présent, je dis que la mort a été produite aussitôt après
que les coups ont été donnés. — Le sang coagulé était bien dis-
tinct. II s'est probablement coagulé, quand les coups se sont
donnés. Je pense que l'efi'usion du sang a eu lieu pendant la
vie de l'individu. Je crois que le sîing s'est coagulé en très peu
de temps, en une demie heure à peu près. — Quand un homme
meurt par immersion, il meurt par asphyxie. — La cause de la
mort, dans ce cas-ci, provenait de la cessation de l'action ducer-
veau. .;,/„.-/ ■,■,;. '.,(..,,> ..
(Lé reste de Ta transquestîon confirme ce qui a été émis par
M. Beaubien, dans son examen en chef, ajoutant de légers dé»
tails sans intérêt pour nos lecteurs.)
DR. MALHIOT.^Je demeure à St. Hyacinthe et j'y demeu-
rais au commencement du mois de mai dernier — Le 5 mai, j'ai
été demandé par le coroner Jones, pour aider le Dr. Beaubien à
faire l'autopsie du cadavre de Charron. (Le témoin donne les
mêmes détails que ceux donnés par le Dr. Beaubien.
DR. MAGLOIRETURCOTTE. — J'ai assisté, le 6 mai
dernier, à l'autopsie du cadavre d'un nommé Charron. ( Son té-
moignage corrobore les dépositions des JJrs. Beaubien et Mal-
hiot.)
Alors M. Carter se lève et adresse la parole au jury, en anglais,
pendant environ quatre heures. — Cette adresse est suivie de celle
de Mr. Drummond.
C'était la sixième journée que les débats duraient ; Mr. Drum-
mond se leva pour adresser la parole aux jurés, en français. Il
parla pendant quatre heures ; son adresse fut calme et raison-
née. L'avocat parlait en homme qui se sent chargé de la terrible
responsabilité de la vie d'un de ses semblables à défendre. II y mit
tout le sang-froid et l'habilité qu'on pouvait déployer en pareille
occasion.
Voici une analyse succincte de son discours.
Il fit voir toute l'importance et la grandeur du devoir qu'il
avait à ren>olir, devoir dont la gravité n'était surpassée que par
l'importi»«iee encore plus grande de celui du jury, ^ Lorsqu'on
le
BEAUREOARD*
81
A!»
Vu
qu'il
rppréscnto, dît l'ontnir, la responsn'bilité temble qn^compor-
>.\' lU'VOir, et i:'H ooii.-équeni'es f;il:iles qui re.su Iteniient pour
faceuié d'un jug-ement mul fondé, on se sent porté à. av rappeler
[t ù mettre en pratique cette divine maxime de l'Evangile . " Ne
igez pas, si vous ne voulez pas êtrejugé.^"* Je n'enteuds pas par
Messieurs, vous faire un crime du jugement que vous pour-
rez porter; non, loin de là ; je veux seulement vous montrer la
j|ravité du devoir que vous avez à remplir, vous faire voir^que
fous ne devez donner votre jugement que d'après une certitude
|omplôte; car, de la manière que vous jugerez votre semblable,
fou» serez jugés vous-mêmes; nelejn'gez pas témérairement,
Îir si un jugement précipité de votre part Conduisait cet homme
réchafaud, tout en étant innocent du crime dont on Taccu^e,
|ous seriez responsables de sii mort, et on aurait droit de vous de-
laander compte de son sang."
On a voulu soulever toutes sortes de préjugés contre l'nccusé ;
préjugé de l'opinion publique, préjugé de la presse qui ne rougit
fas de se ic>ire l'organe de tous les cancans, et de condamner un
omme avant qu'il ait donné un seul mot de justification, et quand
lit justice a déjà la njain sur lui. C'est un moyen peu honorable
•t répudié par le droit anglais.
" L'accusé à ta barre doit être considéré comme innocent tant
qu'une preuve suffisante du contraire n'a pas été faite, ici, en vo-
ire présence ; et en ce moment, je suis heureux de le dire, en fa-
▼eur de raccnsé, la preuve de la poursuite est si faible, si contra-
dictoire, que vous sortirez de cette salle avec le satisfaction
d'avoir accompli une bonne œuvre, en acquittant le prisonnier
4*une accusation mal fondée. . . . Je le répète encore une fois:
une certitude morale complète vous est nécessaire pour motiver
an verdict de culpabilité. Le moindre doute doit être au profit
de l'accusé ; vous devez lui en donner le bénéfice. C'est là une
règle d'équité naturelle et de droit public si bien exprimée dans
IKJtte axiome du droit criminel anglais : Il vaut mieux que quatre
"tingt dix neuf coupables échappent qu^un seul innocent périsse.'''*
%i s'il s'est jamais présenté une occasion oh cet axiome dût-
lltre appliqué, c'est bien dans le cas présent, où non-seulement
des doutes s'élèvent en faveur de l'accusé, mais oti vous avez
Oresqu'une preuve de son innocence. " L'orateur fait remarquer
la différence de position de l'accusé et du défunt. L'accusé est
f n homme sans fortune et sans amis. Le défunt était riche ;
des amis nombreux ont réussi à créer de chaudes sympathies en
i||a faveur ; ils ont eu les moyens de faire de grandes recher-
|ihes ;ils sont parvenus à créer un préjugé universel dans la ville
te St. Hyacinthe, et l'on sait que les convictions se forment sou-
[ent d'après les sympathies. " Le préjugé est tellement générai,
lit l'orateur, que tout le monde, dans la ville de St. Hyacinthe,
|epuis l'homme de police jusqu'au seigneur, semble conspirer
lontre le prisonnier ; une foule de personnes dont l'intelligence
|!st obscurcie par le préjugé, est avide du sang de cet homme-14.**
d2
JPBOCJ^i
r:
1
■I
OniRnafait une question de pnrtisnns; on se. montre intérc«<fié
à la condamnation du prisonnier; on luverpeile les témoins nu
sortir de la boite ; on leur reproche de n'avoir pus été assez forts
contre hiecusé.
Que dis-je ! messieurs, l'on a été jusqu'à ^airedes paris sur le
sang de cet homme, et, on s'appuyait sur le préjugé général,
soulevé contre lui, pour croire que votre verdict lui sera fatal.
Mais j'espère, messieurs, que vous vous élèverez au-dessus, de ce
préjugé et que vous ferez justice de la réprobation dont on a
voulu couvrir cet homme, avant qu'il ait pu se défendre; je
sais que votre conscience, éclairée par la vérité et la stricte véri-
té, sera votre seul ffuidc. Je ne saurais tiop le répéter: il
s'Agit ici d'une chose grave, d'une chose terrible ; il n'y a plus à
compter sur la pitié et sur la miséricorde; le temps de la miséri-
corde est passé; les exécutions se multiplient avec une rapdité
qui effraie ; le sang humain inonde les éuhafauds, et l'on voudrait
parler de la douceur de la justice ! Non, messieurs, c'est une
question de vie ou de mort. Ne dites pas : " Nous allons toujours
condamner l'accusé, mais nous le recommandons à la clémence
de la Cour."
, L'Orateur (sans doute dans l'intérêt de son client) s'élève con-
tre le droit que possède la société sur la vie des individus. Il
proclame quMl a toujours nié et qu'il nie encore le droit conféré
à quelques hommes de verser le sang de leurs semblubles. Il dit
qu'il aurait un grand nombre de considérations philosophiques et
sociales à présenter sur ce sujet, mais il les met de côté pour ne
s'occuper que des faits de la cause. L'Orateur entre dans les dé-
tails des faits, et les explique dans un sens favorable à l'accusé.
II dit que, sans le témoignage du nommé Lusignan, tout l'écha-
faudage des preuves de la poursuite s^écroûle. Mais on ne doit
pas admettre ce témoignage, d'abord parce que c'est celui d'un
délateur, d'un complice après le fait, et surtout parce que c'est
pelui d'un parjure. La loi refuse complètemeat ce témoigna-
ge. D'ailleurs, Lusignan e.st un homme au serment duquel on
ne peut se fier ; il le prouvera par des témoins qui le connaissent.
La poursuite pourra produire des témoins qui donneront Lusi-
gnan comme digne de foi ; mais ces gens ne le connaissent pas,
ils n'ont que peu de rapports avec lui ; ils sont au premier de-
gré de l'échelle sociale, et Lusignan est au dernier. On doit
plutôt croire des gens qui ont vécu avec lui longtemps et qui
le connaissent à fond. La preuve corroboratlve se fonde sur une
espèce de conspiration du prisonnier contre le défunt: maison
ne l'a presque pas vu dans la journée avec lui : le soir, il n'entre
pas avec lui chez Laflamme ; il se trouve à sortir avec le défunt,
et parce qu'il marche quelques instants avec lui, on conclut qu'il
en était le gardien, comme si on était le gardien d'un homme,
pour avoir marché un quart d'heure avec lui. Il n'y a que Lusi-
gnan, que personne n'a vu chez Laflamme, qui dit que le prison-
nier, chez Laflamme, a demandé à. Charron de venir coucher chez
lui.
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BBAUHliOAllD.
33
ntre intérc^fié
i témoin •« au
té assez forts
Le second moyen de la poursuite se fonde sur ce que Benu-
egrnrd seul avait à tuer Charron, ayant un besoin extrême de
roMver de l'argent, et ayant dit qu'il en trouverait bien. Mais la
îdéfense prouvera que, lors du meutre, Beauregard n'avait plus
et intérêt, ayant trouvé un associé qui devait lui prêter de hir-
nt, et qui, même, lui en avait déjà donné. Beaurejrard, dit-on,
avait pas d'argent avant le 2 avril, et le lendemain de ce jour,
il en avilit beaucoup. Mais, il n'y a que le complice, que le par-
ure Lusignan, qui lui ait vu de 1-argent, et l'on voit quil était
dans la plus grande détresse, n'ayant pas pu payer 6 piastres
qu'on lui demandait sous menace de poursuite. On dira peut-
être quil avait intérêt à cacher cet argent; alors, pourquoi se-
rait-il allé montrer cet argent à Lusignan et aurait-il dit à tant dé
gens qu'il aVait de l'argent ? mais cela s'explique facilement:
Beauregard avait de l'argent, mais cet argent, c'était celui quil
avait emprunté d'un associé, pour sa licence ; il n'en avait
pas d'autre dont il pût faire usage, pour lui, pour sa famille que
les voisins étaient obligés d'assister. Ainsi, l'on comprend faci-
lement les paroles du prisonnier: " J'ai de l'argent et je n'en ai
pas." L'Orateur détruit l'autre moyen de la poursuite, appuyé
sur les paroles mêmes du prisonnier. Ce dernier aurait dit à
un des témoins : " Ne sortez pas le soir avec votre argent ; on
pourrait vous tuer ; pour moi, je tuerais un homme comme je
1 • ±M tuerais un rat, pour avoir de l'argent." Mais le temps où ces
)sop nqueset ï| paroles ont été dites, est une preuve que le prisonnier ne voulait
- ^ pour ne .| ^'^.^ qu'un badinage, jcar il n'est pas naturel qu'un homme qui
IS médite un meurtre, se serve d'un pareil langage devant des per-
ï'^ sonnes qui l'inculperaient ensuite. L'Orateur en vient aux paro-
f les que l'on reproche si fortement au prisonnier, lorsqu'il répon-
I dit à un témoin qui lui demandait où il avait mis Beauregard :
" Ne soyez pus inquiets, dit-il, il va bien, il va comme un chapeau
qui s'en va sur l'eau."
" C'est à propos do ces paroles, dit l'orateur, que Ton voit
combien la disposition dans laquelle se trouve un témoin vis-à-
vis de l'accusé, influe sur sa manière de voir les choses et de les
rapporter. On a fait un crime au prisonnier de ces paroles qui
n'étaient, après tout, qu'un simple badinage, comme le témoin
s'est enfin résigné à le dire. Ce témoin avait d'abord ftnt une
montagne de ce simple badinage. Il avait eu soin de nous dire
que le prisonnier était arrivé à lui, tout essoufflé, et en se|frottant
les mains, qu'il avait l'air embarrassé et voulait s'éloigner de lui ;
mais ensuite, on parvient à lui faire dire, que le prisonnier a cou-
tume de se frotter ainsi les mains, qu'il n'a pas cherché à s'en
aller, qu'au contraire, il a continué à marcher avec lui (le témoin),
jusque chez Laflamme; qu'il était tranquille comme d'habitude,
et, que lui, le témoin, ne s'est douté de rien, et que le pri&onnier
ne faisait qu'un badinage. Rien de plus facile à expliquer que
ces paroles. C'est une chose si peu importante, que je suis sur-
pris qu'on y ait attaché autant d'importance. Le prisonnier était
s paris sur le
ugé général,
lui sera fatal,
•dessus, de ce
on dont on a
défendre; je
i stricte vrri-
! répéter: il
I n'y a plus à
de la miséri-
une rafidité
l'on voudrait
rs, c'est une
Ions toujours
la clémence
I s'élève con-
ndividus. Il
àroit conféré
lubies. Il dit
dans les dé
e à l'accusé,
tout lecha-
s on ne doit
t celui d'un
ce que c'est
5 témoigna-
duquel on
[connaissent,
eront Lusi-
aissent pas,
premier de-
On doit
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it: mais on
r, Il n'entre
le défunt,
Dnclut qu'il
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3 le prison-
ucher chez
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./.■.lilA
M» «■!»*•%'
ï!«i;
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passé avec Charron qui était complétemont ivre ; le témoin Fon-
taifie l'avait vu pasHcr. En voyant revenir Beauregard, Fontaine
lui demande où eHt Chanon, et il répond : *' Ne sois pas inquiet, il
est bien, il va comme un chapeau qui s'en va sur l'eau."
Quel crime, vraiment, que le prisonnier ait fait cette réponse à un
homme de police : " Ne soyez pas inquiets, Charron est bien; vous
n'aurez pas à le mettre à la police ; mais il est bien, il va comme
un chapeau qui s'en va sur l'eau," c'est-à-dire, il est si en train
qu il se balance comme un chapeau qui s'en va sur l'eau. C'est
une comparaison qui se présente naturellement à l'esprit, que de
représenter la marche d'un homme ivre comme le balancement,
les oscillations d'un objet qui flotte sur l'eau. £tce sont ces pa-
roles, si naturelles et si simple:», que la malveillance et le préjugé
ont interprétées d'une manière si odieuse et si accablante pour
l'accusé." L'orateur fait voir que la santé que Louis Fontaine dit
avoir été proposée par le prisonnier, en l'honneur de celui qui ]
s'en allait comme un chapeau sur l'eau, est une invention de ce
témoin, personne n'ayant entendu proposer une telle santé ; que
d'ailleurs, dans le cas que Beauregard eût été l'assassin, il est
impossible de supposer que cet homme, encore fumant du sang
de sa victime, aurait eu le front de boire à la santé de son cada-
vre ; c'était se dénoncer clairement, surtout si, comme on ledit,
l'éveil donné par les cris de Cliarron, eût obligé !e prisonnier à
s'enfuir à l'approche de quelques personnes.
On fait encore un crime au prisonnier d'avoir eu une garcetie
sur lui, ce soir-là ; mois, lorsqu'on sait qu'il peut y avoir du bruit
dans les lieux où l'on doit passer ; lorsqu'on suppose qu'on pour-
ra être attaqué, est-ce un si grand crime que d'avoir une arme pour
se défendre ; Un homme riche pourra porter impunément un pis-
tolet sur lui, parce qu'il a quelqu'argeut à protéger, et un pauvre
malheureux qui croira sa vie exposée, sera incriminé, pour avoir
porté, pour se défendre, une arme aussi commune qu^une garcette.
Et puis, si le prisonnier avait médité un crime, il n'aurait pas mon-
tré cette arme à tout le monde, comme il Ta fait Cette franchise,
ces badinages avec tout le monde, sont une preuve des plus for-
tes, que le prisonnier n'avait jamais eu l'idée du crime qu'on lui
impute, et que des suppositions malveillantes, aidées par la hon-
teuse délation d'un parjure, sont les seules preuves qu'on puisse
avoir contre l'accusé. ,, s,}^
L'orateur discute ensuite les témoignages des médecins. Il
fait remarquer qu'il y a contradiction entre leurs avancés et leurs
conclusions, et les faits de la cause. "Les anciens médedins, dit-il,
ont conclu que le défunt n'était pas mort par submersion, mais
qu'il avait été assommé avant d'être jeté à l'eau ; qu'il était im-
possible qu'il se fut tué en tou'bant sur un corps qui se trouvait
dans l'eau, parce que, disent-ils, on a trouvé du sang coagulé sur
le défunt ; or, le sang ne se coagule qu'après un quart d'heure au
mpins : donc,.si le défunt. était tombé sur un coirp^ contqpd^nt qui^,
ser irbtlvait dans feaùile sang' n'àuiràit' été exposé à l'aur que
3uelq
onc,
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faiUil
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le préjugé
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ontaine dit
e celui qui
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e on le dit,
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franchise,
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qu'on lui
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on puisse
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s et leurs
ins, dit-il,
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j trouvait
agulé sur
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ïî<%ïLtqui,
l'aur que
Quelques instants, et n'aurait pas eu le temps de se coaguler ;
onc, ce n'est pas ainsi que le défunt est mort. Mais si le sang
prend au moins un qurrt d'heure pour se coaguler, comment se
faiUil que Beauregard qui n'a mis qu'un quart d'heure pour ac-
complir, dit-on, tout son crime, ait pu être celui qui a assommé
Charron et l'a ensuite jeté à l'eau.
Beauregard aur-iit dû mettre cinq ou six minutes pour trans-
porter un homme ivre sur le pont, et autant pour revenir, de sor-
te qu'il n'aurait eu que quatre à cinq minutes pour le tuer et le
jeter à l'eau. Alors, il faut conclure que ce n'est pas lui qui a
consommé le crime, car en trois ou quatre minutes, le sang n'au-
rait pas eu le temps de se coaguler.
L'o»rateur fait voir que ces contradictions des témoignages des
médecins avec les faits, expliquent un mystère qui sera, il l'espè-
re, soulevé plus tard. On a trouvé une fosse fraîchement remuée
sur la terre de Cadoret près de l'endroit où on a retiré le défunt
de l'eau. Cette fosse rend compte des mottes de terre trou-
vées dans les habits du défunt ; cette terre trouvée dans les habits
sont une preuve évidente que le défunt n'a pas été assassiné par
le prisonnier comme on l'a dit, mais qu'il a dû être la viclluîe
d'un assassinat subséquent ; c'est ce que prouvent aussi la par-
faite conservation du corps et l'odeur d'alcool qu'exhalait encore
le cadavre.
L'orateur fait un résumé de sa défense, et termine en rappelant
aux jurés la gravité de leur charge, l'indépendance où ils sont de
tout contrôle excepté de leur conscience. Il dit que le doute
doit toujours être au bénéfice de l'accusé. Il proteste de l'inno-
cence de l'accusé, de sa franchise dans sa défense. Il fait re-
marquer qu'il n'a eu que quelques heures pour se préparer à cette
longue défense, et il se confie en l'intelligence des jurés pour le
triomphe de sa cause et l'acquittement du prisonnier.
DR. CRAIG. — Je suis médecin de l'hôpital anglais , à Mont-
réal, depuis 6 à 6 ans. Comme tel, j'ai souvent eu l'occasion de
faire plusieurs autopsies et analyses chimiques. Je suis démons*
trateur d'anatomie, et je suis, pendant six mois, à faire des exa-
mens semblables. J'ai entendu le Dr. Beaubien décrire les symp
tomes qu'il a trouvés sur le cadavre de Charron ; j'ai entendu
ses raisons, et je ne peux pas dire que je m'accorde entièrement
avec lui. Je ne vois aucune marque, pour dire que l'individu
est mort de commotion du cerveau ; il m'est difficile de dire de
quoi il est mort. Je ne puis dire qu'il est décédé par commotion
du cerveau ; mais plutôt d'asphysie. J'ai vu le mouchoir, encore
imprégné de sang ; il est possible que ce sang soit venu du men-
ton ; il aurait fallu quinze minutes pour que le sang qui cou-
lait de cette blessure, imprégnât ainsi ce mouchoir. Je pense que
si le cadavre eût été à l'eau, quinze minutes après sa mort, le sang
n'aurait pas été aussi visible. J'ai entendu le médecin donner
l'état du cœur. Je dis que, danî« ce cas, je ne pourrais jurer que
je ne me serais pas attendu à le trouver dans cet état» l'individu
■«r
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étant mort par une commotion du cerveau ; je ne prétends pas
dire qu'il ne s^ent pas noyé ; les symptômes^ de mort, par sub*
mersion, vurrient beaucoup. Dans le cas de mort par submersion,
les poumons ne sont pas toujours congestionnés.
Par M. Johnson. — Je disque le cadavre avait des symptômes
d'asphyxie; mais qu'il n'y avait pas de commotion du cerveau.
Ceux qui ont examine- le cadavre étaient, plus que moi, en état de
dire de quoi il est niort.
Par la Cour.— Je dis que tout ce qui a é^ remarqué sur le der-
rière de la tête du défunt, par le Dr. Beaubien, pouvait être causé
par une seule chute, l^e sang pouvait se réunir en cet endroit,
le cadavre étant sur le dos. Ça pouvait être produit par des
coups de garcette. Je considère qu'il n'y a pas de preuve, d'a-
près ce que j'ai entendu, que la mort a été causée par la violence
seule.
lie cerveau était dans une telle condition, qu'on ne pouvait pas
lui faire subir un examen complet, et ainsi, préciser la cause
de la mort. Je ne puis pas dire qu'il y ait eu dans le cerveau
une maladie mortelle ; cela se pourrait, mais je ne pourrais pas le
jurer : — Lorsqu'une personne a une maladie dans le cerveau, elle
meurt en très peu de temps, si on lui inflige des coups sur les
tempes ou sur le derrière de la tête. En rabsence de fractures,
la mort pourrait encore être occasionnée. Le crâne n'étant pas
brisé, il peut y avoir inflammation do cerveau ou rupture d'un
vaisseau, causant l'asphyxie. Là où le défunt a été frappé, il y a
des muscles qui auraient pu empêcher l'os d'être brisé. Je con-
sidère que le cerveau d'une personne doit-être en putréfaction,
quand le cadavre a été sous Teau pendant 32 jours. Dans le
cas oti cette immersion serait faite dans le temps où Charron a
été jeté à l'eau, je ne pourrais former d'opinion.
DR CREVIER — Le deux avril dernier, je demeurais à St. p
Hyacinthe. J'ai été assigné par la Couronne, mais je n'ai pas f|
donné mon témoignage. J'ai vu le corps, avant qu'il fut tiré de |
l'eau, vers 9 à heures. L'autopsie n'a été faite par les médecins
que 24 heures après que le cadavre a été trouvé. Je dois faire
remarquer que le corps a toujours été à reau,jusqu'à ce qu'il fût
transporté chez Luasier, où on eut soin de le couvrir de glace.
Il n'a été découvert qu'au moment de l'autopsie. (Le témoin
donne des détails sur la position du cadavre, semblables h ceux
déjà donnés, corrobore le témoignage du Dr. Beaubien, quant aux
blessures sur le menton et à la racine du nez ; puis il ajoute.) Le
cadavre donnait une légère odeur de putréfaction. Des caillots
attachés aux blessures ne se sont pas formés à l'eau. La contu-
sion, à la racine du nez, pouvait avoir été faite après la mort de
ilndividu. L'action de l'eau conserve un cadavre, mais de deux
cadavres que l'on gardera pendant un même temps, celui qui
aura été exposé à l'action de l'eau, puis ensuit» à celle de l'air,
•serait plus en putréfiiction que celui exposé seulement à Vnc-
4ioa AA^Yjùt, Le. corps n'ii. été jeté à l'eaa 4u'aprÀa.lft^ CQAga-
Iffra
prétends pas!
lort, pnr «ub-
submemon,
i symptôrues
du cerveau.
)i, en état de
é sur le dcr-
it être causé
cet endroit, ]
duit par des •.
preuve, d'à- 1
r la violence
; pouvait pas
er la cause
le cerveau
urrais pas le
cerveau, elle
ups sur les
le fractures,
n'étant pas
upture d'un
Tappé, il y a
se. Je con-
putréfaction,
s. Dans le
Charron a
iurais à St.
s je n'ai pas
1 fut tiré de
es médecins
e dois faire
. ce qu'il fût
ir de glace.
(Le témoin
blés à ceux
n, quant aux
ajoute.) Le
Des caillots
. La contu-
la mort de
is de deux
I, celui qui
lie de l'air,
3nt à l'ac-
Ifltion du san^. Le san^ pouvait se coaguler sur la chemise do
défunt, entre 5 et 10 minutoH. Pour que les taches de sang fua>
sent faites, il fallait que Tindi idu fut assis ou debout.
Les blessures que j'ai reuiiii-quées sur le derrière de la té'e,
ont été produites par plusieurs chutes ou coups. La substance
cérébrale était très molle, dans le même état que du fromage
rafmd, ayant encore assez de consistance pour ne pas s'affaisser
au complet. L'intérieur du cerveau avait plus de consistiince
que les parties du dehors. Les cheveux étiiit impreignés de terre
et de vase ; il y en avait aussi sur les habits. Jl y a de la terre
de cette nature, là où le corps a été trouvé. 11 y a aussi de la
terre argileuse au fond de la rivière, près du pont l'Heureux,
l'eau suivant les côtes en cet endroit. La terre argileuse attaché,
au cadavre, pouvait provenir de là. ,.j
Par M. Johnson. — Je connais le fond de la rivière ; je ne suie
pas étonné qu'on ait trouvé de la terre argileuse attachée au
cadavre. J'attribue son état de conservation à la fraieheur de
l'eau, au moment où le cadavre a été immergé. Je suis de l'avis
du Dr. Beaubien, quant aux causes de la mort de Charron. — Si
le corps avait été jeté à l'ean, aussitôt après que les taches de
sang eurent été formées sur les habits, Teau les aurait effacées
plus qu'elles ne l'étaient, — J'ai remarqué, dans l'estomac, des li-
gaments présentant quelque chose comme des huitres, non
encore décomposées. Je dis, enfin, que l'individu éUint ivre, le
coup qui a causé la mort, a du être moins fort qu'il ne l'eût
été, si l'individu avait été dans son état normal.
DR. HOWARD : — Je suis professeur de clinique et de juris-
prudence médicale. Comme tel, j'ai l'habitude de donner des lec-
tures sur l'tiutopsie des cadavres. Ordinairement, dans le cas de
mort par asphyxie, le cerveau est congestionné, mais pas tou-
jours. Le côté droit du cœur est rempli de sang. L'état que pré-
sente le cadavre d'un homme mort par commotion, est celui-ci:
en général, le cerveau est dans son état naturel ; I-^s deux côtés
du cœur, contiennent la même quantité de san^, et les poumons
ne sont pas congestionnés. Quand l'individu meurt par asphysie,
le cerveau et les poumons sont congestionnés. — La ventricule
gauche du cœur ne contient que peu de sang. — Un poumon trem-
pé dans l'eau, peut être congestionné et flotter. 11 peut y avoir,
chez une personne de 47 ans, une maladie dont le résultat serait
de ramollir son cerveau, sans que la personne s'en aperçut, et
qui causerait la mort subite. Un cerveau qui aurait passé 32
jours sous l'eau, serait en décomposition, d'après mon opinion.
Il est difficile de distinguer entre des blessures faites avant la
mort ou après, surtout quand le corps est resté longtemps à
l'eau ; car en voyant que les blessures remarquées sur la tête du
défunt, je n'aurais pas pu former une opinion sur la cause de sa
mort.
DR FENWICK.— Je pratique depuis. 1847. Lorsque c'est
4j^ coumôtian 4u oevveaa qulii^coaséJa moitvle cârvcAU^ie
38
PBOCÈ8
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cœur sont dans le méirie' êtet que pendant la vie de l'individu.
Dans un cas d'asphyxie, je m'attendrais à trouver le foie conges-
tionné. Je considère que le cerveau d'une pei*sonne qui aurait
éié sous l'eau pendant 32 jours, au commencement d'avril, serait
dans un état de décomposition avancé. Une personne peut avoir
une maladie du cerveau propre à le ramollir, sans qu'elle s'en
aperçoive ; dans ce cas, la mort est nubile.
Par la Cour : — Si une personne attaquée de cette maladie,
recevait des coups oîL le défuht en a reçus, ça occasionnerait
ou hâterait sa mort.
PIERRE LAFLAMME .— (Témoin déjà entendu. ) Je connais
Joseph Lusignan. il est sellier. Je ne l'ai pas vu chez moi le deux
avril, et je ne l'ai jamais engagé à y venir. J'ai servi plubieurs
traites ce soir-là, mais je n'ai pas vu Lusi^nan.
Par M. Johnson; — Je ne puis pas dire combien de traites
j'ai serviaa, et il me serait difficile de dire quelles font les per-
sonnes qui sont venues chez moi, ce soir-là. — J'ai bu plusieurs
coups — Je ne puis pas jurer que Lusignan ne soit pas venu
chez moi le soir en question.
LEON DUCHARME.--(Témoins déjà entendu. (Lrsignan
est venu chez moi quelques fois. Je me suis levé vers quatre ou
cinq heures, le 3 avril, et j'ai déjeûné vers huit heures. Pendant
ce temps je suis toujours resté dans ma barre, et je n'ai pas vu
Lusignan. Le soir du 2 avril, je suis sorti de chez moi vers
onze heures ; il faisait tellement noir, qu'on ne pouvait reconnaîtra
une personne à quelques pieds. — Je n'aimais pas que Lusignan
vînt chez moi ; je lui a dit que je n'aimais pas à le voir, parcequHl
ne payait pas et qu'il buvait trop. — Je me rappelle que, vers ce
temps-là, la femme Rosalie Desmarais s'est retirée chez moi.
Elle est arrivée le deux, et le trois, elle s'est fait mal à un pied.
Sa chambre était dans le haut de la maison. Je crois qu'elle y
a passé la journée du dimanche, le 3. Je ne l'ai pas vue dans la
barre, ce jour-là.
Par la Couronne. — Je suis allé à la messe, le dimanche.
Je ne puis pas jurer que Lusignan ne soit pas venu chez moi
pendant que je n'y étais pas.
CHARLES VITAL. — Je me rappelle que. vendredi îe 1er
ami, il y a eu séance du Conseil, au sujet des licences à accor-
der. J'ai eu une conversation avec le prisonnier à ce sujet. Le
prisonnier ayant présenté une requête pot'r avoir une licenoo- de
tempérance, je lui ai dit : " Pourquoi deraandes-tu une licence de
tempérance ; le juge a per^é que tu voulais le tromper." J'ajou-
tai ensuite: " Faites une autre requête mon brave homme, si
vous obtenez votre licence, pour vendre iies liqueurs fortes, je
vjus avancerai $20, sur votre billet, sans intérêt. J'étais pré-
sent lorsque Lusignan a donné sa déposition devant le magistrat.
Il était près de moi ; je lui ai dit: "Vous sentez la boisson;
vous êtes ivre : retirez vous donc." Cette fois, il n'était dans
la cour que comme spoctateur, il ne s'est pas pi^scaté pour
é
q
b
«'•^s
i,*?i-« %»hp^'''t
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Is à accor-
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^omme, si
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lagistrat.
b()is**on ;
itait dans
lié pour
... L ,....? »„.'.- BSA0RE6AR0. ' *f?R^ "r.'^r "j?s>i 59
donner son témoignage devant les magistrats. Plus tard, il a
été assigné.
qu
billet
sa licence.
JOSEPH St. germain, fils— Je connais bien le pont Bi-
ron, oh je passe souvent ; ce pont était en mauvais état, le 2
avril ; on commençait à le réparer. Vers ce temps, ai je me rap-
pelle bien, plusieurs gardes-corps manquaient.
La réputation de Joseph Lusignan est très mauvaise. D'a-
près ce que je connais, je ne le croirais pas sous serment
Par la Couronne. — J« n'ai jamais entendu dire que Lusignan
ait fait de faux serments. On dit qu'il tient une maison de dé-
bauche, qu'il garde les effets ou argent qu'on lui met entre les
mainh. De ceci, je n'en connais rien, par moi-mârae.
CÉLESTIN PARENT.—J'ai été inspecteur du revenu à St.
Hyacinthe ; je connais Lusignan depuie 15 ans ; je ne le croirais
pas sous serment.
Par M- Johnson. — Je ne le croirais pas, parce qu'il a dit,
sous serment qu'une chose était fausse, lorsque je savais qu'elle
était vraie.
FRANÇOIS TISSIER :— Je connais Lusignan depuis nom-
bre d'années. Je ne lui connais aucune réputation bonne : du
moins, depuis que je le connais. Je ne le croirais pas sous ser-
ment, surtout dans une affaire où il "urait de Tintéiét.
Par M. Johnson. — Je n'ai pas connaissîince qu'il ait fait de
faux serments, mais pour moi, je ne le croirais pas.
NARCISSE LADÉROUTE.--Je demeure à St. Hyacinthe
depuis 24 ans Je connais Lusignan depuis environ 23, il a la
réputation d'être ivrogne- Je ne le croirais pas sous serment.
Par M. Johnson. — Dans une cause où j'étais demandeur, Lu-
signan a juré que l'argent que je réclamais avait été payé, tandis
qu'il ne 1 avait pas été.
ONÉSIME GÉNÉREUX. — Je sais que la famille de Beau-
regard a été dans la détresse depuis le deux avril ; ce sont les
voisins qui l'ont fait vivre.
FELIX ROBITAILLE.— J'étais chez Laflamme, le 2 avril
dernier. Je suis resté dans la barre, pendant à peu près une de-
mie heure; le reste du temps, je l'ai passé en haut, j'éttusep bas,
qw.and il y a eu du bruit entre Soly et Paillon. Durant ce temps
Lusignan n'était pas là. Je n'ai pas éteint la chandelle. Je con-
nais Lusignan, et je suis positif à dire que Lusignan n'était pas
chez Laflamme, lorsque les chandelles ont été éteintes. — Je con-
nais Fontaine l'homme de police ; je ne le croirais pas toujours
sous serment. — Je connais le caractère général de Lut^ignan ;
c'est un homme de rien ; je ne le çroiniis pas spiys serment. ^.
''l'âV-M;^îbhii8Ôn.— ta raison quî me fait dire que je ne ci di-
rais pas Lusignan sous sermeot, c'est qu'il s'est contredit, daos
■ii
40
PROCÈS
les dépositions données devant le magistrat à St. Hyacintlie, et
devant le coroner. — Je ne connais pas les autres dépositions.
OCTAVE MAURICiS déjà entendu.— Je ne sais pas s'il y a
eu des chandelles éteintes, le soir du 2 avril, chez Laâamme, du
moins pendant que j'y étais ; j'y suis demeuré pendant 10 à 12 mi-
nutes, de 9^ à 10 heures ; je n'v ai pas vu Lusignan.
. NARCISSE ST. GERMAIN, déjà examiné.— Je passe sur le
*Pont Biron, presque tous les jours ; je sais que le 2 avril dernier,
entre la 2e et la 3e arcade, il y avait un banc du garde-corps
démanché. J'ai toujours connu le prisonnier pour un pauvre
homme ; après son arrestation je suis allé à la police, le voir. Il
m'a dit en pleurant "Je n'ai jamais été aussi mal qu'à présent ;
je n'ai pas mômo un sou, pour m'acheter du tabic," Il m'a
chargé de vendre son fusil, en me disant : " Je ne laisse qu'un
un pain à ma famille, et encore c'est un pain qu'on m'a donné."
— J'ai vendu son fusil quatre piastres ; j'ai été lui porter l'argent
et il m'a dit : " Donnes- moi seulement un écu, et porte le
reste à ma famille." Après le 2 avril, j'ai vu Beauregard ramaéser
des écorces ; près d'un moulin, le meunier l'a envoyé. — J*ai en-
suite vu ses enfants ramasser des écorces. — Le dimanche qui a
suivi le 2 avril, j'ai joué aux cartes avec le prisonnier ; il s'est
endetté d'un louis, mais il n'avait que 36 sous.
Par M. Johnson ; — Il dit la même chose, relativement au pont,
que ce que l'on a déjà eu au commencement de l'examen en chef.
Vendredi, le 14 octobre 1S59.
On procède de suite à l'audition des témoins dont les
nomo suivent, et qni déclarent que tout en considérant
que le témoin Lusignan est un ivi0gne,ils n'hésiteraient
pas à le croire sous serment :
L'hon. Dessaulles, M. LecUire, M. Starnes, Dr.
Malhiot, MM. Page et Guernon.
Après une seconde et courte adres^se des Avo^»ats de
la défense sur la crédibilité du témoin Lusignan,
M. JOF .<fSON se lève, et au nom de la couronne, adresse la
parole au jury. Son discours, admirable d'éloquence ot de raisonne-
ment, fit une impression profonde sur tout l'auditoire. Il dit " qu'il
a été fait contre le prisonnier une preuve directe corroborée par une
preuve de circonstances ; il montre avec force l'évidence qui résul-
te de ces deux preuves réunies, et prétend que le jury ne peut arri-
ver à une autre conclusion que celle-ci : l'infortuné Charron est
tombé victime de la cupidité du prisonnier à la barre. Les témoi-
gnages des médecins établissent clairement et positivement que '.e
aétunt a été d'abord tué, puis ensuite, jeté à la rivière. Lusigi a
fournit les détails du crime. Il a vu tuer Charron, et quoiqu'il ne
puisse dire le nombre de coups infligés s' r la tête du défunt, ce
qu'il .V vu est suffisant pour établir la culpabilité du prisonnier; et
ba déposition est pleinement corroborée par la preuve de circons-
tances produite. A la véritéj c'est un témoignage suspect, mais étant
corroboré comme il l'est, il a tout le crédit qu'if pourrait iivoir
11
c<
inthe, et
liions.
3 s'il y a
mme, du
) à 12 mi-
sse sur le
il dernier,
irde-corps
n pauvre
j voir. Il
k présent ;
c. ' Il m'a
isse quhin
»a donné."
er l'argent
i porte le
d ramaéser
s. — J*ai en-
iche qui a
sr; il s'est
iiit au pont,
lenenchef.
e 1S59.
s dont les
►nsidèrant
imiteraient
mes, Dr.
Ivo^'ats de
^nan,
. adresse la
de rai sonne -
Il dit " qu'il
)orée par une
ce qui résul-
le peut arri-
5 Charron est
Les témoi-
;ment que 'e
e. Lusigi a
t quoiqu'il ne
du défunt, ce
Tisonnier; et
e de circons-
ct, mais étant
;)ourrait Jivoir
BEAUREOARD. itl
-~- '•-"'"'■ ■,.i?'
sans le soupçon de complicité qui est attaché au témoin. Le savant
avocat exhorte Je jury à peser la terrible responsabilité de sa charge*
" On a essayé " dit l'éloquent orateur " à exciter vos sympathies
en faveur du prisonnier 4 la barre ; et vraiment, s'il fut jamais un
homme digne de pitié, c'est ^ien celui qui se trouve dans là. posi-
tion du prisonnier, chargé d'un crime, le plus révoltant, le plus froi-
dement médité et le plus cruel que l'on puisse rencontrer dans les
annales du prime.
" Mais, d'un autre côté, ne doit-on rien à la mémoire de l'infortu-
née victime dont le sang crie vengeance du fond de la tombe où elle
est enfermée 1 Ne doit-on rien aux intérêts de la société, à la pro-
tection de la vie publique, au châtiment des meurtriers et à la ré-
pression du crime.
'' La défense a essayé de vous faire croire que lej blessures et les
contusions qui ont été remarquées sur la tête et sur la figure du
défunt, étaient l'effet des pierres qui se trouvent dans le lit de
la rivière.
" Mais, messieurs, seraient-ce donc des pierres inertes qui auraient
poussé ce douloureux cri de détresse et d'angoisse. ** Ne me tue pas,
ne me tue pas 1" Est-ce donc cela qui a fait arrêter la montre du
défunt justement à l'heure ou l'on a prouvé que cet acte atroce
a été consommé 1 Sont-ce es roches qui ont donné l'alarme à ce
pauvre animal, dont les aboiements ont été entendus par sept ou
huit témoins, qui donna le signal de la détresse en allant et revenant
du cc*^^é de la rivière où le cadavre de la victime avait été jeté 1 . . .
il '? . ' ce les pierres qui auraient fourni au meurtrier, le gain in-
iiiuif ae son crime, qui auraient donné au prisonnier la moitié de
l'argent du malheureux Charron, dont il a été trouvé en pos-
session, d'après une preuve évidence.
'' Je le dissincèrement ; plût à Dieu que cet homme eut été trouvé
innocent du crime dont on l'accuse ! Plût à Dieu que les jurés
n'aient pas eu à remplir le pénible devoir qu'ils devront bientôt
accomplir ! J'aurais été heureux de voir, dans la cause, l'ombre
même d'un doute dont on eût pu donner le bénéfice à l'accusé ;
mais il n'y a pas même l'apparence d'un doute, et le seul verdict
que vous puissiez rendre, pour la satisfaction de votre conscience,
est, malheureusement, de déclarer le prisonnier coupable sous les
circonstances les plus aggravantes."
Le prisonnier . dont la contenance avait extraordinairement changé
depuis le coH'' ' ' " " ' " *
hagard j so. >
à une vive 4 '
et sa figure rep;
aoement du procès, devint à ce moment, pâle et
si inquiet et troublé annonçait qu'il était en proie
ji; Cependant, il réussit à comprimer son trouble
froideur habituelle.
t jtf,
Son honneur le Juge Aylwiu donna alors sa charge, après quoi
il fit la lecture de tous les témoignages, en français ei en anglais ;
ce qui occupa la Cour d "lis une heure, A. M., vendredi, jusqu'au
lendemain à 2 heures de i'après-nudi. Voici un résumé coucis de
de cette charge.
Messieurs du jury.— Je dois maintenant vous dire ce que j'ai
déjà dit, r ;3 cette cause a pris plus de temps qu'aucune autre cause
criminel' vîtii soit à ma connaissance. Un grand nombre de té-
moins ont cv i ei aminés, et une multitude de choses plus ou moins
relatives à U cause, ont été dites devant vous ; et je concoius certai-
'M'^w
rrr:
'^^nfssm
wmtm
mm
I
42
'.?■'■
VAOOÈê
.1^
I.
nement dans la remarque faite par M. Johnson, que malgré le»
nombreux témoignages qni ont été entendus, les faits sont peu nom-
breux. Messieurs, vous avez été enfermés, depuis 8 jours, dans
c€|lte cour, mais ce sera pour vous une consolation de penser qu'il
est impossible de rendre à la société un plus grand service que de
s'enquérir dé tous les foits qui se rattachent à une accusation d'ho-
micide.
Vous devez considérer, messieurs, qu'en votre qualité de Jurés,
vous avez un devoir à remplir à l'égard de lasociété et que vous
servez à la protectidn de ses membres aossi bien que de vous-
mêitoes. C'est un des plus grands avantages de la société et de la
Civilisation, que de jouir de la vie et de la {WTopriété et d'être pro-
tégé dans l'exercice de ses droits.
Vous êtes ici pour décider du sort d'un être humain : par la loi
de ce pays, le plus riche comme le plus pauvre ont également le
droit, quand la vie y est concernée, aux mêmes égards et aux mê-
mes précautions,— *t la loi ne met pas de différence entre le jeune
homme qui entre à peine dans la vie et le vieillard à cheveux blancs
qui Vachemine vers le tombeau. Nous sommés obligés d'appliquer
la loi telle qu'elle est: nous ne pouvons la changer, ni l'altérer.
Vous devez rendre un verdict s*»lon la preave, et non sut aucune
présomption de quelque nature «ju'elle soit.
La loi humaine dit que l'hi v.ro qui est coupable du crime d'ho-
micide sera mis à mort. C\.r n, et nous devons l'accepter.
Ainsi, aucune considération étraài^ 'e À la cause ne peut entrer dans
l'ensenible des faits qui vous sont soumis, pour modifi r ou changer
votre verdict. Je dois seulewïent dire qu'il est temps que la peine
capitale, infligée par ta loi, soit appliquée pour la protection de la
société ; sinon, nous pouvons nous attendre & voir commettre des
meurtres fréquents, avec impunité. Maintenant, Messieurs, je vais
vous relater les faits peu nombreux dont vous devez vous occuper,
afin que vous puissiez le faire plus aisément.
Samedi, 2 avril dernier, Anselme Charron, riche cultivateur delà
paroisse de St. Charles, quitte sa résidence pour venir à St. Hya-
cinthe.
Son neveu le vit mettre dans sa poche de veste deux rouleaux de
billets de Banque, et le vit partir à neuf heures du matin avec son
cheval et sa voiture. Il est vu, pour la première fois, buvant dans une
auberge. Mais avec qui 1 c'était avec le prisonnier. Il est prouvé
que, le même jour, le défunt quitta l'aubci-ge du nommé Ducharme
et se rendit à l'hôtel tenu par Guertin f et la on trouve le prisonnier
sur un sofa près du défunt et tous deux engagés dans une conversa-
tion intime. Un homme qui lui devait $25, le vit dans cette posi-
tion. Le défunt reçoit cette somme et jusqu'à deux heures dans
l'après-midi, il va d'auberge en auberge, reçoit $45 d'un nommé
Ewing, puis il arrêta avec une de ses connaissances un ren-
dez-vous à l'auberge de Laflamme. pour conclure un achat de dix ou
douze moulins à battre. — C'était là qu'il allait d'ordinaire transiger
ses affaires. A 7^ heures, on le voit prendre le thé chez Ewing. Il
part de là dans l'intention, disait-il, d'aller acheter une terre à un
mille e* demi de St. Hyacinthe. Cependant à 8 heures, il est vu sor-
tant d'une auberge en compagnie de plusieurs personnes pour aller
chez Guertiii prendre un steak et des huitres. Le prisonnier est là.
Ildemande à- boire «t chaque foi* 1« iM|ttut-pai« lul-mèm** L?^ctt»
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43
se savait donc que Charron avait sur lui une somme d'argent. Le
firisonnieret le défunt, tard dans la soirée, sont vus ensemble dans
'auberge de Laflamme ; s'il n'est pas bien établi qu'ils y ont bu, il
est prouvé, hors de tout doute, qu'ils en sont sortis ensemble. Il est
aussi prouvé qu'ils furent rencontrés par deux hommes de police.
Ceux-ci ont vu le prisonnier tenant le défunt par le bras ; on lui de-
mande où il va i il repond : — "- Ne soyez pas inquiets, j'aurai bien
soin de Charron". Les hommes de police stationnés dans la rue les
virtfntalors prendre tous deux la direction du pont Biron. La maison
du prisonnier est située à l'extrémité de ce pont : mais le pont ne
conduit pas le défunt vpjts sa demeure. On dit qu'en emmenant le
défunt chez lui l'accusé l'empêchait de passer la nuit à la station de
police, car Charron était iv-». Mais le défunt a-t-il profité de cet
acte de bienveillance 1 Le pant n'était pas sur son chemin et s'il eût
été laissé à lui-même, ou il serait retourné chez Laflamme ou, il se-
rait allé où il avait laissé sa voiture. Mais dans tous les cas, il au-
rait évité le pont.
Un quart d'heure après, le prisonnier, chancelant, haletant, re-
vient rapidement, mais Charron n'est plus avec lui ; et comme il a
été prouvé, le prisonnier n'aui ait pas eu le temps d'aller jusque chez
lui et de revenir dans Id minutes. Un des connétables lui demande
ce qu'il avait fait de Charron, où il l'a laissé. Que répond-t-iH—
" Il est très bien : il va comme un chapeau sur l'eau. J'en ai eu
bien soin." Où va le prisonnier, après cela 1 Chez Laflamme. Là il
demande une traite et la paie, lui qui auparavant n'avait pas d'ar-
gent. Il reste là quelque temps, puis il se rend chez PouUn et y de-
meure jusqu'à ce que celui-ci ferme sa porte. Où se rendit le pri-
sonnier, après cela ? Rien ne l'indique.
Maintenant, je dois vous faire remarquer qu'il n'est rien de plus
incertain dans les cours de justice que l'heure du crime. La montre
trouvée sur le corps du défunt s'était arrêtée à 11 heures moins 13
minutes. Il n'a pas été prouvé que c'était là l'heure précise de l'ho-
micide. Dans ce temps, là on jouait aux cartes chez Marchessault.
Des cris venant du pont furent entendus. De l'autre côté de la riviè-
re, quelques personnes jouant aussi aux cartes entendirent la même
chose. Un M. Nagle a juré qu'il avait entendu des cris, au meurtre.
Il se lève et court sur le pont et croit y voir un objet se mouvant,
mais il n'était pas sûr. Le prisonnier avoue lui-même avoir été sur
le pont cette nuit là. Le lendemain, il demande à Guertin si ce n'é-
tait pas lui qu'il avait rencontré sur le pont. Ainsi vous avez une
preuve distincte de la présence du prisonnier sur lo théâtre du cri-
me. Le témoin Âustin passant sur le pont a cru reconnaître l'accu-
sé. Il est une autre circonstance qui le prouve. La porte de la mai-
son du coin du pont est enfoncée. Le lendemain, Girard, propriétai-
re de cette maison, voit le prisonnier et lui dit qu'il était surpris de
voir que quelqu'un lui en voulait assez pour enfoncer sa porte. " On !
dit le prisonnier, cela n'a pas été fait exprès, — ce sont probable-
ment quelques hommes ivres qui ont fait cela en passant." Ces faits
se réunissent pour démontrer que, la dernière Ibis/iu'il a été vu, le
déflmt était ivre, et que l'accu&é s'était constitué son gardien ; le dé-
funt a (Usparu cette nuit là. Un mois après, son cadavre est trouvé
portant des marques évidentet^ d^ violence. Neuf jours après la dis-
parition de Charron, un de ses amis vient à St. Hyacinthe et appre-
u«pt que Seaufegftid a«cQi|ipft^ùt le défunt, U. deriuèr« fois qu'il
T^?-
fr^^msaorn
iiiiiiiii
44
PROCÈS
1^'
i
1'
if
I
fut vu, il le fait venir et lu», demande ce qu'il est devenu. " Je ne
m'en souviens pas," répcii«iit-iL L'autre ajoute : " Un des hommes
de police vous a vu avec Charron ; il vous a vu et vous lui avez ré-
pondu." Et l'ami du défunt fait venir cette homme de police qui lui
assure avoir vu le prisonnier avec Charron. L'ami se tourne alors
vers l'accusé et lui demande ce qu'il a fait de Charron, et Beaure-
gard répond : " J'ai oublié." Messieurs, le prisonnier refuse de
dire ce qu-'il sait sur le défunt. Il dit : que la poursuite le cherche :
je ne veux donner aucune explication. Il est très naturel que les as-
sassins de nos jours suivent l'exemple de Caïn, le premier meurtrier.
Quand on demanda à Caïn ce qu'il avait fait d'Abel,il répondit:
" Je ne suis pas le gardien de mon frère." Mais le prisonnier lui,
ne peut pas dire: ''Je ne suis pas le gardien de mon frère," car il a
reconnu avoir pris cette qualité. Cela est prouvé. Il a pris le dé-
funt sous sa protection. Il l'a pris dans une maison qui aurait pu
être un asile. Il dit au gardien de la paix que le défunt serait bien
chez lui. Il ne l'a pas emmené chez lui ; où l'a-t-il mis 1 II garde le
silence sur ce point. Il maintient qu'il n'est pas obligé de répondre.
Mais, malheureusement pour lui, il verra qu'il doit parler et rendre
compte de la conduite qu'il a tenue vis-à-vis du défunt. Quand il
garde un silence absolu, il élève contre lui une présomption de cul-
pabilité.
Maintenant, messieurs, quels étaient les motifs c^ui poussaient le
prisonnier à amener le défunt chez lui 1 Les voici : — Le vendredi
précédent, il y eut une assemblée du Conseil de ville de St. Hyacin-
the, pour accepter ou rejeter les requêtes pour obtention de licences
d'auberges. Celle du prisonnier fut rejetée. Il disait que, s'il pou-
vait avoir de l'argent, il aurait une licence. Le lundi suivant, il dit
qu'il avait assez d'argent pour en obtenir une. Il était donc plus in-
téressé qu'aucune autre personne, à obtenir une somme d'argent.
Son existence et celle de sa famille en dépendaient. Il est mainte-
nant démontré que le prisonnier avait un motif pour faire disparaî-
tre le défunt.
Dans une autre occasion, vous avez vu aussi son anxiété à cet
égard. Un des témoins lui dit qu'il avait vendu une terre et que le
prix lui avait été payé. Le prisonnier lui dit : — " Père, vous de-
vez prendre garde d'aller dehors la nuit, cai- vous pourriez être tué
et volé. Quant à moi, je ne sais pas ce que je pourrais faire pour
avoir de l'argent," Telles sont les expressions elles-mêmes du pri-
sonnier. Loin de moi la pensée d'y attacher une trop grande impor-
tance, mais elles font voir la détermination dn prisonnier d'obtenir
de l'argent par un moyen ou par un autre. Maintenant, messieurs,
venons-en à un autre point. Il a été prouvé que le prisonnier portait
d'ordinaire une arme nommée garcette. Cet instrument est décrit
comme étant tait de cordes et assez pesant pour porter un terrible
coup. Le prisonnier a été vu, à plusieurs reprises, avec cette arme.
Le corps du défunt a été trouvé à 15 ou 18 arpents du pont. Mais
malgré l'espace considérable de temps écoulé depuis la disparition
de Charron, le cadavre était, par la volonté de la Providence, dans
un état de conservation étonnant. Le témoignage rnanime des mé-
decins a prouvé que la mort du défaut avait été causée par une com-
motion du cerveau produite par des coups assénés sur la tête par
un instrument arrondi et obtus. etjB; crois qu'il est impossible d'en
venir à un« autre conclusion. Maintenant laessieurs, il est une au-
i
nu. " Je ne
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BEAUJEIEGARD.
45î
ire circonstance. Le samedi, le prisonnier va d'auberge en auberge
sans pouvoir payer pour de la loisson : cependant, le lundi suivant,
il entre dans un auberge et paie 7 verres. On n'a trouvé sur le corps
du défunt que la somme de $24 et 5J deniers. Combien le défunt
avait-il reçu d'argent, ce jour-là, sans compter la somme qu'il avait
apportée de chez lui î Les témoins établissent la différence. Parmi
les billets de banque que Ewing donna à Charron, il s'en trouvait
deux d'une banque américaine ; ces billets ont dispîtfu complète-
ment.
Mais voici le témoignage de Lusignan. Je dois dire qu'il est im-
possible de baser un jugement sur un tel témoignage, à moins qu'il
n'y ait de fortes circonstances qui le corroborent. Il est prouvé que
Lusignan est un ivrogne. Un certain nombre de témoins ont été
examinés pour prouver qu'ils ne le croiraient pas sous serment ; —
mais je suis tenu de dire qu'un témoin tel que M. Dessaulles doit
aussi compter pour quelque chose. Cependant, messieurs, la crédi-
bilité de Lusignan est laissée à votre propre jugement. Lusi-
gnan assure que le prisonnier à la barre lui a dit qu'il avait ces deux
billets de banque en sa possession et que, pour certaines raisons, il
les avait brûlés. Il dit aussi que l'accusé lui a montré une montre
d'argent qu'il disait appartenir à Charron. Cela peut être ou ne pas
être vrai.
C'est à vous qu'il incombe de décider cela ; et vous devez exer-
cer votre jugement sur les circonstances relatées par cet homme.
Votre tâche n'est pas au-delà du pouvoir d'un homme ordinaire ;
vous n'êtes pas appelés pour accomplir une impossibilité. L'obli-
gation que vous devez remplir est à la hauteur de votre devoir. Ne
vous embarassez pas des incidents extrinsèques, tels que le sort du
prisonnier, et les souffrances auxquelles votre verdict peut vouer sa
famille. De telles considérations ne doivent entrer pour rien dans
votre décision. Vous êtes juges, et vous ne devez vous guider que
sur les faits eux-mêmes. Vous avez aucun compromis à faire ;
aucune indulgence à exercer ; aucune faveur à accorder ; aucune
autre chose à faire, si ce n'est votre devoir. Vous devez protéger
la société, vous avez aussi un devoir à remplir vis-à-vis du défunt.
S'il est vrai que cet homme avait devant lui la perspective d'une
longue vie, et la jouissance d'une santé parfaite, même après avoir
passé son temps dans la débauche et l'ivrognerie ; s'il est vrai que
cet homme, sans avoir dans son esprit une pensée sérieuse, a été
traîné sur le pont et là assassiné, la conduite que vous devez tenir
est évidente. Si cet homme, sur le point de quitter cette vie pour
l'éternité, n'a pu adresser au ciel une prière, s'il ne lui a été laissé
que la force machinale de crier " à l'aide " et " au meurtre, " une
terrible injustice, — la plus grande dont on puisse se rendre coupable,
a été commis contre lui. Priver cet homme de la réflexion et du
temps nécessaire au repentir, le précipiter dans un état d'ivresse et
d'insensibilité profonde, en présence de son créateur, c'est agir
à son égard avec la plus grande barbarie. Les conséquences ne
doivent pas être perdues de vue ; quant à la décision finale, vous
n'avez rien à y voir. Faites votre devoir et rendez un verdict con-
forme à la preuve. Si vous pensez que le prisonnier a causé la
mort du défunt, suivez la dictée de votre conscience. Mais si vous
êtes convaincus qu'il n'existe pas de preuves suffisantes contre l'ac-
cusé, donnez lui le bénéfice du doute. Vous êtçs un jury qui ne
.f«
I
1
I
46
PROCÈS
peut être supposé avoir des préjugés dans cette cause. Vous êtes
appelés des parties différentes du district. Vous avez maintenant
tous les faits devant vous, et, sans doute, vous agirez suivant votre
conscience et votre jugement.
Samedi, 15 octobre.
Présidence de Son Honneur M. le Juge âtlwin.
L*Hon. Juge Âylwin continue à donner en français la lecture des
témoignages rendus en cette affaire. Il en fait ensuite la lecture en
anglais. Â deux heures et demie, le jury se retire dans la chambre
des délibérations, puis revient en Cour après dix minutes. Interpellé
par le Greffier de la Couronne, à savoirj s'il déclare le prisonnier
coupable ou non coupable du crime dont il est accusé, il répond :
" COUPABLE."
M. Drummond demande si la Cour vouditi suspendre la sentence
jusqu'à lundi, afin de donner aux avocats du prisonnier, le temps de
voir s'il ne serait pas possible d'invoquer, en faveur de leur client,
quelques uns des moyens auxquels on peut quelquefois avoir recours
en pareil cas.
La Cour répond qu'elle ne peut se rendre au désir de cette appli-
cation., attendu qu'aucune objection rîlative à ces moyens n'a été
faite durant le procès.
Le Greffier de la couronne demande au prisonnier s'il n'a pas
quelque chose à dire, pour que la sentence de mort ne soit pas pro-
noncée.
Le prisonnier s'agenouille alors, mains jointes, comme au temps
où l'on invoquait le Bénéfice du Clergé, mais ne dit rien.
L'hon. Juge Âylwin, s'adressant au prisonnier, dit :
Jean Bte. Beauregard : — Le 2 avril dernier, vous vous êtes
chargé d'avoir soin d'un homme, d'un de vos semblables. La
justice vous a demandé ce que vous aviez fait de cet homme et
vous n'avez pas répondu. Ce fait limite contre vous. Dans ce
moment même, vous n'avez rien à dire contre le verdict qui vient
d'être rendu. Il a été prouvé que le défunt est mort par votre
main, quand cet infortuné vous avait donné sa confiance, sur une
promesse de votre part que vous en auriez bien soin, que vous
veilleriez sur lui. Le verdict rendu par le Jury est tel que je
l'eusse rendu moi-même. Quoiqu'il n'y ait pas à douter que la loi
aura son cours, il n'est pas moins vrai que vo.us possédez des
avantages que vous n'avez point voulu accorder au défunt.
Vous avez« au moins, le temps de vous repentir, ce qui lui a été
refusé. Bientôt, vous entrerez dans un autre monde, vous aurez
à comparaître devant un autre tribunal, mais vous pourrez vous
y préparer, ce que n'a pu faire le défunt. Vous l'avez plongé
dans l'éternité, coupable de péchés dont il ne pouvait, dans le
moment, se repentir. Il est à espérer que vous emploierez le temps
qui vous reste à vivre, à réflécliir sur sa position et sur la vôtre ;
il vouB eo est accordé suffisamment pour réparer toutes vos
Vous êtes
maintenant
livant votre
5 octobre.
YLWIN.
a lecture des
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ourrez vous
vez plongé
t'ait, dans le
rez le temps
ar la vôtre ;
toutes vos
fautes. Vous avez vécu comme vivent un grand nombrç de
gens dans le Bas-Canadit; mais dans le cas actuel, les con-
séquences funestes de votre conduite doivent être attribuées à
votre propre inclination. Songez sérieusement, en ce moment,
qu'une prière adressée au Juge de toutes choses vaut bien mieux
que toute autre considération. La religion h laquelle vous ap-
partenez, est prête à vous donner tous les secours désirables ; et,
en ceci, vous avez encore un autre avantage sur le défunt. Pro-
fitez , cette fois ci, au moins, des consolations que procure cette
religion ; vous avez grandement besoin de son ministère. Le
jury qui vous a condamné et le juge qui va prononcer votre sen-
tence, vous y engagent fortement. Vous devez sentir vous mê-
ôae combien vous avez besoin de vous préparer. Maintenant, il
ne reste plus à la Ooar qu'à prononcer la sentence de mort, . Le
jugement de la cour est que, pour le meurtre dont vous avez été
trouvé coupable, vous soyez transporté de la place où vous êtes
maintenant, à la prison commune; que Vendredi, le 16 Décem-
bre prochain, sur la place des exécutions, vous soyez PENDU" par
le col jusqu'à ce que la mort s'en suive. Que Dieu ait pitié de
votre âme.
Un silence solennel a régné dans la salle, pendant que cette
sentence a é*é prononcée. De temps en temps, le prisonnier sem-
blait faire de puissants efforts sur lui-même. Sesmains jointes
«'appuyaient sur le rebord du la boîte. Ses yeux furent constam-
ment fixés sur le Juge. Ses lèvres étaient comprimées. — ^Jusq^'à la
fin, cependant il fut maître de sou émotion.
MONTKEAL, le 13 Décembre 1859.
Voici le texte même de l'annonce qui a été faite dans
les Eglises catholiques de Montréal dimanche dernier,
au prône de toutes les messes solennelles. On verra
en la parcourant avec quelle tendre sollicitude l'Eglise
prend soin du pauvre malheureux, combien elle s'atta-
che à sauver l'âme qui ne recevra son jugement que de
la bouche même de Dieu, après que la justice humaine
aura passé sur son corps ; aussi, de quels bons sentimens
elle s'efforce de pénétrer le pays tout entier à la vue
d'un spectacle aussi terrible.
Nous recommandons en même temps la quête qui
sera faite avant l'exécution par les bonnes Sœurs ; le
produit est destiné an soulagement de la famille que
Beauregard laisse dans la misère. C'est une beUe oc-
casion pour les catholiques de montrer leur charité.
6
^^,\ijii--
i» «'■*«• V *
mmmm^m
11
" On recommande i vos ferventes prières Jean-Bap
liste Beauregard qui sera exécuté, vendredi prochain,
16 du courant, à 10 heures du matin. Nous demande-
rons pour cet infortuné frère la grâce de se préparer à
la mort, en vrai pénitent, et pour tout le pays la grâce
de bien profiter de ce terrible exemple.
" Le St. Sacrement sera exposé, C3 jour là, dans la
ch» pelle de la Providence, depuis la première messe
qui se dit à six heures jusqu^après la dernière^ qui se
dira au moment de l'exécution, savoir, vers les dix
hennis. Ceux qui n'assisteront pas à l'exécutien, seront
avertis de prier avec instance, pour cet infortuné, par
une des cloclies de la cathédrale qui sonnera à neuf
heures. Ils se souviendront que cette heure suprême
est terrible ; et qu'il leur faut en conséquence doubler
leur supplications, auprès du Père des miséricordes, en
faveur d*un frère mu Iheureux, qui sera alors sur le point
d'être lancé dans ^éternité.
" Ceux qui se trouveront à l'exécution en feront au-
tant ; et ils montreront pir leur contenance, vraiment
chrétienne, qu'ils sont profondément afflierés de ce grand
châtiment, infligé à un de leurs semblables. Ils ne
manqueront pas de recommander ainsi son âme à Dieu,
avant comme après l'exécution, en faisant dévotement
les prières qui leur seront suggérées.
** Nous recommandons à tous les parents de faire à
leurs enfants d'utiles leçons sur cette terrible exécution,
pour linir inspirer de bonne heure, une vive horreur des
crimes qui mènent à l'échafaud. Use fera sur le lieu
même de l'exécution, par les Sœurs de Charité, une
quête dont le produit sera appliqué au soulagement de
l'kmG de cet infortimé et au soutien de sa femme et de
ses enfants qu'il laisse dans la pauvreté, Sat^edi, len-
demain de l'exécution, il sera chanté un service, pour
le repos de l'âme du défunt, dans l'Eglise de la Provi-
dence vers les huit heures du matin."
fi
m-Bap-
'ochain,
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!.■'■
LES DEIIOTERS MOMENTS
DE
-BTE. BEAllllEIIAl
AVEC
Tous les incidents qui se rapportent à son
Exécution.
<•> •
Vendredi, 16 décembre, la population de Montréal,
pour la seconde fois depuis longtemps, put assister à la
représentation gratis d\va. drame bien lug;ubre : Fappli-
cation de la peine de mort. Ce jour-là, Jean Baptiste
Beanregard, trouvé coupable du meurtre d'Anselme
Charron, aux dernières assises de la Cour du Banc de la
Reine, montait sur l'échafaud^afin de venger par son sup-
plice la société qu'il avait outragée dans ses lois et servir
d'exemple à ceux qui seraient tentés de l'imiter. En
vain on avait tenté d^arracher ce malheureux à la mort
en envoyant une requête au digne gouverneur de cette
province ; ]a justice de Son Excellence est inflexible.
Dès neuf heures de l'avant-midi, c'est-à-dire, une
heure avant le moment fixé pour l'exécution, on voyait
arriver par les différentes rues qui mènent à la place de
la prison, un grand nombre de personnes de tout âge,
de tout sexe et de toute condition. Bientôt l'affluence
devint si grande, que les abords de la prison furent
complètement encombrés, ainsi que les fenêtres et les
toits des maisons voisines. Chose étrange ! le sexe ré-
puté faible et timide formait au moins la moitié de
cette foule immense. Ici; c'étaient des mères de famille
,
H
V^
îi
hahiant par la main ou portant dans leurs bras do tout
]>olits enfants ; là, des jeunes filles qui venaient, parées
comme au jour de fête, flétrir au pied d'nn échafaud la
llenr do leurs vingt ans. Fatale curiosité qui étoulTe
tout sentiment de bienséance !
La potence s'élevait au-dessus du mur qui entoure la
cour de la prison, et à une hauteur suffisante pour que
t être témoins du triste événement qui allait
tous pussent
S'y passer. Aussi, tous les regards étaient-ils tournés do
co côté avec une anxiété profonde et chaque minute
(|ui s'écoulait, arrachait un tressaillement à des milliers
(le poitrines.
A dix heures précises, on alla trouver le condamné
dans sa cellule pour le prévenir que son heure était
venue. Depuis longtemps préparé à ce moment, fatal,
il reçut cette nouvelle avec calme et suivit le geôlier
dans l'infirmerie. C'était là que devaient se faire les
derniers préparatifs. En y arrivant, Beauregard s'assit
dans une chaise qui avait été placée là pour lui. Quoi-
([u'il conservât une attitude ferme, il était à peine re-
oonnaissuble. Il n'avait plus cette physionomie dure et
farouche, ses yeux ternes et louches, cette froideur im-
])assible, qu'on avait remarqués pendant'son procès. Uno
<ioacc sérénité régnait sur sa figure pâle et amaigrie par
les veilles et les privations. Le Révérend M. Villeneu-
ve, son confesseur, lui ayant demandé s'il était préparé
à mourir, il répondit que oui.
Le digne aumônier, ainsi que M. Resther, lui prodi-
guèrent alors toutes sortes de consolations, lui montrant
le ciel comme terme de ses maux, 3t lui faisant em-
brasser le crucitix. Ce que redoutait le malheureux
condamné, c'était la honte qu'il allait ressentir ; il de-
manda qu'on lui bât fortement les bras de peur qu'il no
ré.^istât ou (|u'il ne se débattît dans les dernières convul-
tiionw. On lui répondit qu'il serait fait selon ses désirs.
Le bourreau, ce monstre qui n'a d'humain que l'appa-
rence, fut alors introduit dans l'appartement. C'était un
liomme d'environ six pieds, paraissant être d'une très
forte constitution. Il était complètement enveloppé dans
une espèce de robe noire, et un masque de mêiue cou-
leur voilait sa figure. Ce funèbre accoutrement lui don-
nait un aspect hideux et féroce très propre à augmenter
encore l'horreur que ne peut ma\iquer d'inspirer la vue
d'un bourreau.
rciiclant qu'il remplissait son ignoble oflicc, avec utii'
adresse et une de- érilù qni dénotait do rex[)érience,
les ministres dn .;^nenr eontinuaient leur œuvre do
dévouement îuiprès du malheureux condamné qui, ))en-
dant qu'on l'altaelmit, était doux comme un erd'ant.
<' Mon fils, luiditle Révérend IM. Villeneuve, )ap])e-
îez-vous que voire Sauveur a soulTert la morleominc
vous dans quel(]uos moments; mais il était innocent et
vous êtes coupable. Pour mériter la couronne,il fiiutquc
vous portiez la croix." M. T.lestlier commença alors la
récitation des Litanies des Saints et de queliiues orai-
sons d^isage. Beauregard répondait à toutes ces prières
avsc ferveur, portant souvent à ses lèvres le crucifix
qu'on lui présentait. Ces derniers devoirs religieux rem-
plis, le condamné déclara qu'il était suffisamment atta-
ché, que les liens étaient assez serrés. Le bourreau lui
passa la corde autour du cou, lui couvrit la tète d'un
capuchon noir et le lugubre cortège se mit en marche
j[X)ur se rendre à réchafaud.
En tête, venait le geôlier, puis l'infortuné Beauregard
ayant à ses côtés les deux vénérables prêtres qui réci-
taient à voix basse le Miserere,
Immédiatement derrière le condamné, s'avançait le
bourrea^^ tenant entre ses mains le bout de la corde fa-
tale.
Le k^»»*.rif Boston suivait à quelques pas de distance.
Douze à quinze sœurs de charité, rangées deu:i par
deux et disant des prières, fermaient la marche.
Plongé depuis longtemps dans un obscur cachot, le
malheureux condamné parut éprouver un moment de
})laisir en se voyant tout-à-coup exposé à la lumière du
jour et en respirant l'air vif et pur. Cependant, lorsqu'il
eut fait quelques pas, son regard s^étant porté sur la po-
tence, il revint au sentiment de la triste réalité ; sa phy-
sionomie devint plus sombre et sa démarche moins fer-
me. Mais cette faiblesse fut de courte durée. En quel-
ques instants, à la. voix du prêlre qui répétait, *' cou-
rage, mon ami, courage," il put maîtriser son émotion
et reprendre le calme qu'il avait si bien conservé, sur-
tout pendant les derniers jours de sa captivité. Tl regar-
da ceux qui étaient groupés sur son passage et salua
plusieurs personnes. Arrivé au pied de l'échafaud, il
secoua la neige qui se trouvait collée à ses chaussures.
.jwm
mi
et monta d'un pas ferme et l'esté, sans fléchir et sans
s'arrêter un seul instant, les deux eycalie^s qui menaient
à la potence.
Le moment le plus terrible d'une exécution est peut-
être celui où le condamné arri\c sur l'échafaud. Il faut
y avoir assisté pour comprendre ies fortes sensations et le
profond serrement de cœur que Ton éprouve en voyant
paraître ce malheureux qui, dans un instar/t, en votre
prése;nce, par un décret de ses semblables, doit être
privé de celte existence que Dieu lui a donnée ot qui
lui est chère comme à vous. En ce moment, vous ou-
bliez le crime qui a causé le châtiment, quelle que soit
l'énormité de ce crime. Il n'y a place dans votre cœur
que pour un seul sentiment: la pitié. Tel est Ffefièb
que produisit la vue du malheureux Beauregard sur
l'immense multitude desspectat^.iS. Il se fit un si-
lence terrible, plus terrible, peut-êtie, que la scène qui
allait se passer.
Le premier soin du bourreau fut d'attacher la corde
au crochet. Le condamné demaada alors qu'on lui
tournât la figure du côté du fleuve, afin de jeter un
dernier regard vers St.-Hyacinthe.
Le Révérend M. Villeneuve lui dit : '^ Il ne faut pas
y songer, mon enfint." Beauregard n'insista pas et res-
ta la face tournée du côté de la prison. Tout près de
lui se tenait M. Resther, lui prodiguant les dernières
consolations et lui présentant le crucifix à plusieurs re-
prises. L'*infortuné y portait ses lèvres avec amour et
semblait puiser dans ces baisers une énergie nouvelle.
Aussi ne le vit-on, ni fléchir, ni trembler, pendant les
moments d'horribles angoisses qui précédèrent sa mort.
Mo»\dieur l'aumônier adressa à la foule quelques paro-
les pleines d'à-propos et qui eurent un salutaire effet. II
parla des conséquences du péché et en particulier de
l'ivrognerie. Faisant un rapprochement entre la cause
du funeste drame dont on allait voir bientôt le dénoû-
ïï}f V, et certains édifices situés non loin de là et d'où
s' ' nappait a? )rs une fumée noire, '* la distillerie, dit-il,
mène au crime, le crime à la prison et la prison à l'é-
chafciud." Il demanda ensuite à tous ceux qui étaient
présents de prier pour le condamné ; puis, il ajouta quo
JJeauregard mourait en vrai pénitent, parfaitement ré-
signé à la volonté de Dieu, et offrant son supplice en
çxpiation des péchés ou'il avait commis et des scanda-
ît sans
liaient
t peut-
Il faut
is et le
voyant
1 votre
►it être
■A qni
ms on-
[ue soit
B cœur
Ffefîèt
ird sur
un si-
ène qui
a corde
'on lui
eter un
autpas
} et res-
près de
îrnièrcs
eurs re-
mour et
DU V elle,
ant les
la mort.
es paro-
effet. II
ulier de
a cause
dénoû-
et d'où
e, dit-il,
m à l'é-
étaient
)uta quo
nent re-
pliée en
scanda-
les qu'il avait causés. En ce moment, lo Dr. Beaubieir,
médecin de la prison, craignant que l'infortuné ne suc-
combât à une ^rop grande émotion, fit prier M, l'aumô-
nier d'abréger ce qu'il avait à dire.
" Laissez 'le parle?' ^ dit Beaur égard, ne l'arrêtez pas ;
je puis rester ici longtemps ; je suis fort." Quelques ins-
tants après il ajov.ta: " Je ine recommande aux bonnes
prières de tout le peuple qui est ici,^^ Ce furent là ses
dernières paroles. A peine les avait-il achevées que ht
trappe s'ouvrit avec fracas et le condamné fut lancé
dans l'éternité. Un murmure sourd et comprimé par-
courut les rangs de la foule saisie d'horreur, et, à un si-
giial du prêtre, tous, catholiques et protestants, comme
mus par un ressor^, tombèrent à genoux afin de prier
pour le malheureux agonisant.
Beauregard parut mourir sans beaucoup d'efforts. La
chute avait été d'environ sept pieds, et le nœud de la
corde avait été placé sur le derrière de la tête, de façou
à produire l'asphyxie. Après sept minutes et un quart,
les médecins qui étaient sur Péchafaud constatèrent que
l'action du cœur était complètement arrêtée. La face du
condamné était d'une couleur liv' Je comme celle d'un
noyé. Ses yeux étaient injectés île sang, sa langue pro-
jetée et ses lèvres bordées d'écume. On dit qu'il n'avait
p^s voulu qu'on lui couvrit la figure avec le capuchon noir.
Aussitôt après avoir ouvert la trappe, le bourreau
accompagné du geôlier qui le tenait par le bras, s'en re-
tourna à la prison avec beaucoup de précipitation, com-
me s'il avait craint de demeurer un seul instant en pré-
sence de la victimo de son exécrable ministère. Un do
ceux qui se trouvaient au pied de l'échafaud, en le
voyant passer, iUt saisi d'une telle indignation, qu'il le-
va le poing pour le frapper ; et il aurait sans doute ac-
compli son dessein, s'il n'avait pas été retenu par quel-
ques amis.
Le cortège funèbre était sorti de la prison à dix ^^pu-
res et quart, et, à dix heures et viugt cinq minutt 'c
bourreau avait tiré la trappe fatale. Le corps de Beau-
regard resta suspendu à la potence pendant une heure.
Au bout de ce temps, la corde fut coupée, le cadavre
transporté dans la prison et la foule s'écoula silencieu-
sement, chacun emportant dans son cœur un souvenilF
ineffaçable dé ce triste événement,
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Vers deux heures de Paprès-midi, le Dr. Beaubien fit
l'ûutopsie du corps qui fut ensuite transporté à l'Asile de
la Providence où se trouvait l'épouse infortunée du
supplicié. Le lendemain, dans la chapelle de cet
Asile, un service fut chanté pour le repos de l'âme de
Beauregard ; la veille, dans la même chî. pelle, au mo-
ment de l'exécution, une messe basse avait été dite par
Monseigneur l'évêque de Montréal. Ce sont aussi les
vénérables ftt dévouées sœurs de cette Asile qui firent,
pendant l'exécution, la quête destinée à venir en aide
à la pauvre et malheureuse famille du condamné. Il
paraît que les piodnits de cette quête ont été abondants.
Dieu soit loué ! cette pauvre famille pourra amsi, au
moins pendant quelque temps, être exemptée de la mi-
sère.
Lorsque Beauregard est monté sur Téchafaud, il y
avait environ neuf semaine» qu'il était enfermé dans
un cachot de neuf pieds de longueur sur quatre de lar-
geur. Il serait impossible de peindre tous les tourments
qu'il eut à endurer. Aux nombreuses privations de la
captivité, il faut ajouter les remords et la pensée, la
pensée terrible et toujours présente à sa mémoire, de la
mort ignoihineuse qu'il allait bientôt subir.
Le déshonneur qui rejaillirait sur toute sa famille,
était aussi pour lui un grand tourment. Mais sa nature
forte, puissamment aidée par les sentiments religieux
qu'il entretenait, son repentir et l'espérance d'une vie
meilleure, lui firent tout supporte; avec calme et rési-
gnation. " Jamaisj disait le vénérable aumônier de la
prison, je n'ai vu un condamné mieux préparé à
mourir que Beauregard.'^ Il avait, cependant, quel-
ques moments de faiblesse : c'était surtout quand il
pensait à son vieux père et à sa vieille mère, au profond
chagrin qu'ils allaient éprouver, à la honte dont sa mort
devait les couvrir. L'avenir de sa femme et de ses en-
fants le préoccupait aussi beaucoup. Il apprit avec
bonheur comme on s'intéressait à leur sort, et les moyens
que l'on prenait pour leur venir en aide. Dans le
mois de Juillet dernier, pendant qu'il était en prison,
sous prévention du meurtre dont il a été trouvé coupa-
ble^ son épouse mit au monde un fils dont il est question
dans le testament que nous reproduisons plus loin. Il
éprouvait un vif désir de voir cet enfant; mais on lui
ta
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au
refusa celte consolation ; on craijrnait avec raison qtie
la vue de son fils n'eût d'autre effet que d';uigmenter
ses regrets et le rattacher à la vie. Il lui fut permis de
voir les autres membres de sa famille ; sa femme et ses
deux filles les pins âiiées vinrent souvent le visiter.
Beauregard avait une grande confiance en la miséri-
corde de Dieu. Quelques jours avant sa mort, M. l'au-
mônier lui disait: *' Espérez-vous que Dieu vous don-
nera son Saint Paradis :" Il répondit en .souriî»nt : ** Il
'' faut bien qu'il me le donne ; // doit me le donner.''*
C'était un homme jovial, quoique sa figure parût d'a-
bord dure et repoussante. 11 aimait beaucoup à i)laisanter.
On peut s'en convaincre en lisant les deux traits suivants.
Les Sœurs allaient souvent le visiler. Un jour,
quelques-unes d'entre elles ayant passé plus d'une heure
à lui faire des exhortations et à réciter des prières, parlè-
rent de se retirer. '^^ Ahl m- s Sœurs, comme lous êtes
pressées, leur dit-il ^ fumez donc encore un fcu V
Il badinait même sur les faits les plus tristes. Chose
atroce et digne de la barbarie de Néron, on mit plus de
quinze jours à construire l'échafaud. Le condamné en-
tendait le bruit des TP.orceaux de bois trainés sur le gra-
vier de la cour de la prison, et chaque coup de mai tenu
résonnait jusque dans son étroite cellule. Il paraît que la
veille de l'exécution les ouvriers frappèrent plus fort que
les jours précédents. Lorsque, ce jour là, Beau regard vit
arriver le ilév. M Villene\(ve ; " Mon fère^ lui dit-il en
riant, ih ont cogné, aujourd'hui plu s fort que de coutume^''
La veille de sa mort, Beuregard reçut les derniers sn-
crements avec beaucoup de ferveur. Il y trouva un sur-
croit de force et de courage pour attendre l'épreuve du
lendemain. Comme il le dit lui-même dans son testa-
ment, il passa sa dernière nuit sur la terre en compa-
gnie de Monseigneur Bourgct évêque de Montréal. Ce
fut en présence de ce saint Evê(pie et du curé de Saint
Ilyacinthi^ qu^'il fit son testament écrit de la main mê-
me du Rév. M. Uestlier.
C'est à tort qu'on a prétendu que Bcaurepnrd sY'tait
reconiui publiquement coujiable du meurîre d'Anselme
Charron. Sur l'échafaud, par l'organe du Rév. M. Vil-
leneuve, il a spul'îmcnt déclaré qu''/7 offrait sa mort en
expiation de ses j)échés. De plus, dans son Icstanenî^ com-
me CD le verra, il pardonne à ceux qui lui ont fait du
m
HOi
5^.
Ô
mal, et en parliculier à ceux qui pourraient être la cause
(ie sa mmt. Ces faits ne doivent pas être sans inspirer
quelque crainte à ceux qui ont coopéré à la condamna-
tion du malheureuiç Beauregard. Ils prouvent aussi
combien généralement est dangereuse l'application de
la peine de mort.
Quelques journaux anglais ont insinué que le monstre
qui a servi de bourreau était un canadien français.
Cet avancé est tout-à-fait sans consistance. Tout, au
contraire, porte à croire que c^est le môme nègre qui a
rempli cet office le 25 de Juin de l'îin dernier.
Il ne nous reste plus qu'à reproduire le testament de
Beauregard ; mais avant de le faire, nous nous permet-
trons une dernière réflexion,
Il est bien consolant de voir combien la religion a-
duucit le sort des malheureux suppliciés. Autrefois, ils
étaient, pour ainsi dire, im objet d'horreur aux yeux de
tous ; leurs corps n'étaient pas admis dans les cimetières
communs aux catholiques ; on les jetait dans un endroit \
part, appelé, à cause de sa ùesttination, le cimetière des
pendus, L'Eglise a voulu que cet usage fut aboli.
£lle accorde aussi, maintenant, au condamné, do
nombienx secours religieux qu'il ne recevait pas aupa-
ravaut et qui ne contribuent pas peu à lui faire parcou-
rir iwireusement le court et dangereux chemin qui le
conduit à l'éternité.
COPIE DU
TESTAMENT DE J.-B. BEAUREBARD.
(PRISON DE MONTRÉAL,
{ De ma cellule, 16 Dec. 1859.
Je remets mon âme entre les mains de mon Créateur,
et Rédempteur, et je supplie humblement sa divine mi-
séricorde de vouloir bien me pardonner tous mes péchés.
Je supplie l'Immaculée Vierge. Marie, mère de mon
Dieu, de vouloir bien être mon 4-vocate auprès de sou
divin Fils, quand je paraîtrai à son redoutable tribunal.
Je prie mon Ange Gardien, mon saint Patron St.
J'^an- Baptiste et tous les Anges et Saints du Para-
dis, de m'assister au terrible moment où je monterai sur
la potence.
a
9
Je demande pardon à tous ceux que j'ai oifensés on
scandalisés et je supplie qui de droit de vouloir me re-
mettre ce que je pourrais leur devoir.
Je pardonne, de mon côté, de bon cœur, tout le mal
qu'on m'a fait, et^ en particulier, à ceux qui pourraient
être la cause de ma mort.
Je donne mon Crucifix et les quatorze Images de
mon petit Chemin de Croix à ma bien aimée épouse
Sophie Delage.
Mou chapelet à mon bon et infortuné vieux père, à
qui je demande pardon de toutes les peines que je lui
ai causées, en sollicitant sa dernière bénédiction.
Mes petites images qui m^ont tant consolé et fortifié,
à chacun de mes chers enfants^ et à ma bonne vieille
mère, mon petit Jésus portant sa croix.
Au -pauvre petit que je rCai pas vu, une médaille de
l'Immaculée Conception qî^? m'a donnée pour lui le
Saint Evoque de Montréal, quia passé avec moi ma
dernière nuit sur la terre.
A mon cher et dévoué frère Pamase, ainsi qu'à mes
chères sœur^i et belle-sœur, les images marquées à
leurs noms respectifs.
Je meni:s content et résigné à la sainte volonté de
Dieu, le remerciant de ses infinies miséricordes, lui de-
mandant son saint Paradis, et en priant pour tous ceux
qui m^ont fait ou désiré me faire du bien, qui prient
pour moi, qui m'assistent à la mort et pour tous ceux
que je laisse dans la prison. J'emporte un souvenir
particulier du Capitaine du IT^a^J (guichetier) qui a été
si bon pour moi.
O ! Marie, ! la porte du ciel, je vous recommande en
mourant de vous souvenir du haut du ciel, du geôlier de
la prison, de sa bonne famille et d3 tous les employés
qui se sont tant intéressés à moi pendant les jours de ma
captiyilé.
Dieu seul sait ce que je dois au Rév. et bon Mon-
sieur Villeneuve, mon confesseur, et aux bonnes sœurs de
la Providence qui ont tant adouci les angoisses de mes
derniers jours sur la terre.
Que Dieu le leur rende au centuple dés celte vie
et dans l'autre.
(Signé,) JEAN-BAPTISTE BEAUREGAPvD.
10
COMPLAINTE
DU
CONDAINË BEAVREGABO.
Air : — Pierre^ en suivant les pas du Souverain Monarque.
h
Encore un criminel frappé par ta justice !
Seigneur, ta volonté soit faite ! son forfait,
S'il le doit expier par un cruel supplice,
Pardonne lui, S-jigueur, tout le mal qu'il a fait !
2.
•
ïl est là ! son cachot nous voile sa souffrance.
Dieu seul peut consoler cet homme dans sa nuit ;
DiCU seul peut lui donner cette grande espérance
Qui fait qu'on hait le monde et sa joie, et son bruit.
a»
On dit qu'il se repent, à son heure dernière,
D'avoir, pour un peu d^or, immolé l'innocent ;
Qu^il fléchit les genoux et que, dans sa prière.
On l'entend s'accuser d'avoir versé son sang.
O débauche fatale ! horrible intempérance !
Que n^as-1u de bonne heure évité leurs excès,
Beauregard, aujourd'hui, les bras de la potence
Ne réclameraient pas l'hôte des cabarets.
Mais Ix religion, cette admirable mère,
Lorsc^ue tout t'abandonne, accourt sur ton chemin j
Plus ton angoisse est forte et ta douleur amère,
Plus sa parole est douce et plus douce est sa main.
Souf
Sour
Ces
Ces
A se;
J'ai
M
rt
il
6.
Sous la forme d'un prêtre, elle vient à toute heure,
Sourire au condamné, dans son obscur cachot;
C'est un de ses enfants, c'est une âme qui pleure
Qu'elle veut consoler au pied de l'échafaud.
7.
C'est moi qui l'ai tué, dit-il au saint ministre;
A ses navrants appels à ma sourde pitié
J'ai répondu trois fois, et d'une voix sinistre :
" Meurs et rends tes écus !" je le frappai du pié.
8.
Sous mes coups redoublés bientôt Charron s'afFaiase^
Je le prends à la gorge et saisis ses cheveux.
IVlalgré mes doigts crispés dans sa chair, sa détresse
Peut s'exhaler encore en longs cris douloureux.
9.
Sa tête s'inclinait sur sa rauque poitrine.
Du poids de tout mon corps je l'écrasai soudain.
Son sang jaillit à flots des yeux, de la narine. . . .
Lors, j'ouïs une voix qui me disait : '* Gain !
10.
•
'' Exécrable Caïn, qu'as-tu fait de ton frère î
" Tu l'avais en ta garde et tu l'as immolé !''
Et la voix dans mon cœur grondait comme un tonnerre*
L'épouvante me prit ; car Diea m'avait parlé.
11.
Pourquoi n'ai-je pas fui ? Ce souvenir me navre !
Charron n'était pas mort j il aurait survécu !
Lorsqu'aux rapides flots je lançai son cadavre,
L'enfer était en moi ; Dieu me semblait vaincu !
12.
Comme le châtiment toujours suivit le crime.
Des passants m'ayant 7U, je fus incarcéré.
Je vais mourir ! Mon Dieu, tu venges ma victime \
Ta volonté soit faite et ton nom adoré !
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13.
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BEAUHEGARD AU PEUPLE.
Oh ! ue m'imitez pas : j'ai mené folle vie ;
De ce qu'on respectait je n'ai rien respecté !
Si je l'avais voulu, mor sort eût fait envie ;
Mais le vice toujours guida ma volonté.
14.
Mon bras était robuste et mon intelligence
Pouvait, par le travail, me donner un trésor.
Le travail m'effrayait ; ma sordide indigence
M'a jeté dans le crime et du crime à la mort.
15.
LES ENFANS DE BEAÛREGARD AU PEUPLE.
Peuple, regarde-nous ; nous sommes sa famille :
Nous venons à genoux implorer ta pitié.
Tes dédains nous tueraient, moi, son fils, moi, sa fille,
Et nous avons besoin de ta douce amitié !
16.
LE PEUPLE A BEAUREGARD ET A SES
ENFANS.
Celui qui va mourir sur un gibet infâme
A plus de droits qu'un autre à notre charité !
Qu'ils viennent ses enfans ! qu'elle vienne sa femme !
De tendresse pour eux nos cœurs ont palpité !
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IMPRIMERIE DE LOUIS PERRAULT, & CIE..
22, RDE ST» VINCENT.
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